La situation en Ukraine s’aggrave

La Russie et l’OTAN se mettent mutuellement en garde contre un conflit armé en Ukraine. Les tensions sont les pires depuis 2014 et l’annexion de la Crimée.

Les tensions à la frontière ukrainienne augmentent. Foto: Kyryl Savin / Heinrich-Böll-Stiftung / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – Vladimir Poutine semble prendre du plaisir dans la situation actuelle. Jouant sur plusieurs tableaux (livraisons de gaz naturel, problème des réfugiés entre la Biélorussie et la Pologne, concentration de troupes le long de la frontière entre l’Ukraine et la Russie), le président russe emploie aujourd’hui un discours belliqueux qui laisse présager le pire. De l’autre côté, l’OTAN et les Etats-Unis se comportent de la même façon, en « mettant en garde » la Russie contre une éventuelle intervention militaire. Qui arrêtera cette escalade ?

Les deux côtés avancent des arguments qui doivent être entendus. Si, lors de la réunion de l’OECD à Stockholm, le ministre des affaires étrangères russe, Sergei Lavrov a reproché à l’OTAN « de rapprocher son infrastructure militaire à la frontière russe », son homologue américain Antony Blinken avait également émis des menaces. A Riga, Blinken a dit « si la Russie devrait emprunter la voie de la confrontation, nous avons clairement indiqué, en ce qui concerne Ukraine, que nous allons réagir de manière déterminée, y compris avec des mesures économiques efficaces que nous n’avons pas utilisées par le passé ». Si chacun reste sur ses positions, le conflit risque d’éclater.

Force est de constater que la Russie est prête à intervenir. Non seulement, les troupes russes se trouvent aujourd’hui, avec de l’équipement lourd, tout le long de la frontière ukrainienne, en plus, dans les deux régions ukrainiennes Donbass et Luhansk, les séparatistes russes, équipés et soutenus par Moscou, se tiennent prêts pour soutenir une éventuelle intervention russe. Depuis 2014, cette « 5e colonne » a maintenu une sorte de guerre civile, faisant en sorte à ce que ces deux régions n’aient jamais retrouvé le calme.

D’un autre côté, Vladimir Poutine veut empêcher, coûte que coûte, un rapprochement de l’OTAN jusqu’aux frontières russes, car, comme l‘a également souligné Dimitri Peskov, porte-parole du Kremlin, « nous voyons cela comme une menace ouverte pour la Russie ». Tenant compte des positions des uns et des autres, une solution serait la mise en œuvre d’une « zone tampon » – mais Vladimir Poutine ne souhaite pas négocier. Ainsi, il a renvoyé le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui avait essayé, en vain, d’obtenir une rencontre avec le président russe pour pouvoir discuter de la situation qui est plus qu’explosive. Poutine, lui, avait froidement conseillé à Zelensky de négocier avec le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko, sachant pertinemment que ça ne sert à rien de « négocier » avec Loukachenko, dans la mesure où ce dernier reçoit ses ordres directement de Moscou. Donc, pas de discussions de paix, pas de négociations sur la question comment apaiser la situation.

Les Etats-Unis et l’OTAN continuent à assurer Ukraine de son soutien en cas d’agression, en indiquant qu’une réaction à une éventuelle intervention russe, serait concertée avec les partenaires occidentaux. Qui eux, en 2014, n’avaient pas bougé lors de l’annexion de la Crimée.

Le moment pour cette escalade convient parfaitement à Vladimir Poutine. Cette escalade lui permet de dévier l’attention des Russes des problèmes intérieurs et d’autre part, les pays occidentaux sont tellement accaparés par la pandémie que quasiment personne ne s’occupe de la situation en Ukraine.

Lorsque Sergei Lavrov évoque à Stockholm le « scénario cauchemardesque d’une confrontation militaire », la Russie fait tout pour qu’il  devienne une réalité. Il faut admettre que les provocations se multiplient des deux côtés qui effectuent, ces dernières semaines, des manœuvres militaires dans les zones frontalières de la région.

« En Ukraine », explique l’expert Olivier Védrine qui vit et travaille à Kiev, « les gens ont vraiment peur. Cela fait très longtemps qu’on n’ait pas entendu un discours aussi agressif, aussi belliqueux. De nombreux opposants russes qui vivent en Ukraine, se préparent pour pouvoir quitter le pays, si jamais la Russie devait envahir le pays. »

Que faire ? Poutine ne veut plus du « Format Normandie », donc, d’une table ronde entre la Russie, Ukraine, la France et l’Allemagne ; Poutine ne veut pas négocier avec Ukraine et les menaces et provocations se multiplient de part et d’autre. Le scénario d’un conflit armé se concrétise de plus en plus et le monde doit rester très attentif à cette évolution – l’Europe Centrale est aujourd’hui un baril de poudre et la mèche en est allumée depuis un bon moment. C’est l’heure des diplomates qui eux, doivent d’urgence trouver des solutions possibles, avant qu’il n’explose. Cela fait de longues années que le danger n’était pas aussi important qu’aujourd’hui.

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