La situation en Ukraine tourne au drame annoncé

Après le résultat attendu du référendum sur l’indépendance des «Républiques populaires de Lugansk et de Donetzk», les élections présidentielles du 25 mai sont en péril.

"Est-ce que vous soutenez l'acte de l'autonomie étatique de la République Populaire de Dontzk? Oui - Non". Foto: People's Republic of Donetzk / Wiki Commons

(KL) – Il fallait s‘y attendre. Le «référendum» de dimanche a donné un résultat qui ouvre grand la porte à la prochaine catastrophe en Ukraine. Une partie de la gauche dans les pays occidentaux jubile et trouve que la Russie a raison de se comporter comme elle se comporte. Une erreur historique.

«L’Est ukrainien a parfaitement le droit d’organiser un tel référendum», disent certains. «On ne peut pas autoriser un référendum en Ecosse et ne pas le respecter en Ukraine !». Vraiment ? Est-ce que le référendum en Ecosse sera-t-il organisé sous surveillance de soldats masqués portant des kalachnikovs ? Certainement pas. Est-ce que l’Ecosse utilisera des urnes transparentes pour que les électeurs sachent qu’un mauvais vote puisse être sanctionné ? Est-ce que quelqu’un estime réellement que le «référendum» de dimanche en Ukraine remplisse les exigences fondamentales d’un tel acte démocratique ?

De plus, depuis la déclaration de Poutine disant qu’il «n’avait plus le controle sur les forces pro-russes en Ukraine», cette meme gauche occidentale célèbre le tsar russe à nouveau comme «l’ange de la paix». Tout en refusant de lire entre les lignes. Car «plus le controle», cela veut dire qu’un moment donné, il avait le controle sur ces forces étranges, chose qu’il avait toujours nié. Le referendum de dimanche fournit maintenant la justification à Poutine pour agir comme il l’entend, comme en Crimée. Il est difficile de croire que la Russie ne soit qu’un spectateur dans cette guerre où touts les partis impliqués se comportent de manière peu constructive.

Personne ne reconnait personne. Les Etats-Unis, l’UE et Kiev ne reconnaissent pas ce référendum (que la Russie dit «respecter»), l’Est ukrainien et la Russie ne reconnaissent pas le gouvernement à Kiev et la scission du pays semble inévitable. Les resultants de dimanche ne surprennent presonne. Quelque chose dans le genre «taux de participation 108%», «109% ont voté OUI» à la question si les regions concernées devraient se séparer de l’Ukraine.

Mais les gens dans l’Est de l’Ukraine ne sont pas dupes – ils savent parfaitement qu’une «République Populaire de Donetzk» ou de Luhansk ne pourraient jamais survivre tout seule. Ce vote pour «l’independance» ne constitue donc qu’un pas intermédiaire avant que quelqu’un ne demande à Poutine d’intervenir pour «protéger les citoyens russes». L’objectif de cette lutte n’est donc pas l’indépendance, mais la liberté du choix du partenaire pour les années à venir. La mission du gouvernement (auto-déclaré) de ces regions consiste donc à attendre le bon moment pour demander le ralliement de ces deux regions à la Russie.

Après la Crimée, le destin de l’Ukraine se trouve dépendant du bon vouloir de Vladimir Poutine. Puisque l’Est du pays a déjà annoncé vouloir bouder les élections du 25 mai, l’Ukraine n’a donc aucune chance de retrouver un président légitime. N’importe le vainqueur du 25 mai, l’Est de l’Ukraine (et la Russie) ne l’accepteront pas comme interlocuteur.

Cette instabilité politique arrange les affaires de Vladimir Poutine. Plus le chaos règne en Ukraine, plus il dispose d’une justification formidable pour d’autres actions militaires. L’Ukraine devient donc de plus en plus la scène d’une guerre de substitution – les gens qui meurent ces jours-ci en Ukraine, ne meurent pas pour la liberté de leur pays, mais pour arranger les affaires russes ou américaines, c’est selon.

L’Union Européenne, considérée en Russie comme une marionette américaine, ne pèse plus dans les débats. Les responsables européens ont beau lancer des appels ou annoncer des sanctions faibles, la position européenne n’intéresse que peu à l’échelle mondiale. Désormais, c’est USA – Russie en Ukraine et le people ukrainien devient ainsi l’otage des intérêts d’autres puissances.

La situation en Ukraine se complique chaque jour un peu plus, la guerre et la scission du pays semblent inevitables. Reste plus que le triste constat que les deux super-puissances qui sont la Russie et les Etats-Unis ont quitté le chemin de la raison et que les deux pays n’ont rien appris des derniers grands conflits mondiaux. La motivation de ces deux puissances ? Soit ils agissent sous l’impulsion des grands producteurs d’armes, soit ils agissent par pure bêtise. Les deux options ne rassurent guère.

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