« La solidarité est le rôle principal de la CEA »

Interview avec Mathieu Cahn, candidat aux élections départementales au canton 1 Strasbourg.

Mathieu Cahn a répondu aux questions d'Eurojournalist(e). Photo: Lyacine Boulakhras / EJ

(KL) – Mathieu Cahn se présente aux élections départementales du mois de juin dans le canton 1 Strasbourg. Avec son expérience à différents niveaux de la politique, il souhaite continuer son engagement dans la nouvelle « Collectivité européenne d’Alsace » qui est en train de de trouver sa place dans le paysage politique. Interview.

Mathieu Cahn, vous vous présentez avec Nadia Annebi en binôme dans le canton 1 de Strasbourg, l’un des rares cantons en Alsace qui semble promis à la gauche. Vous représentez le « Rassemblement de la gauche » qui comprend le PS, LFI, PRG et Allons Enfants. Malgré cette union de la gauche, on s’attend à une très large majorité de la droite au conseil de la CEA – comment expliquez-vous cela ?

Mathieu Cahn : Il n’est écrit nulle part que ce canton soit « promis à la gauche ». En 2015, le premier tour y était très serré et le deuxième tour s’est joué dans l’opposition classique entre la droite et la gauche. Maintenant, vous avez raison, il est peu probable que la gauche puisse faire basculer la majorité lors de ce scrutin. Mais au niveau de la CEA, la présence d’élus de la gauche est importante – le Président Frédéric Bierry nous a souvent écouté et il s’agit d’un président qui n’hésite pas à discuter et soutenir des bonnes idées, même lorsque celles-ci viennent de l’opposition. Ainsi, le conseil de la CEA a voté nos initiatives sur l’antisémitisme, sur le siège du Parlement Européen à Strasbourg et d’autres. Traditionnellement, la gauche est relativement faible à la campagne et plus forte dans les villes d’Alsace. Mais il y a un vrai intérêt d’avoir des élus de la gauche au conseil de la CEA, aussi pour que les villes y soient bien représentées.

Quels sont les trois axes principaux de votre programme pour la CEA ?

MC : Le premier axe est la solidarité qui est le rôle principal de la CEA. Là, il s’agit d’accompagner les citoyens et citoyennes de la naissance pendant toute la vie. Il s’agit aussi de défendre les droits des jeunes, non pas sous forme d’un assistanat, mais d’un filet de sécurité. D’ailleurs, environ 25% du budget de la CEA sont consacrés à ce volet « solidarité ». Ce volet comprend également les personnes âgées, et il convient également de développer de nouvelles approches dans ce domaine. Aujourd’hui, les gens vivent plus longtemps et il convient aujourd’hui se travailler sur des concepts comme le maintien de personnes âgées à domicile si elles le souhaitent, mais aussi des maisons intergénérationnelles et d’autres concepts.

Voilà le premier axe, quel est le deuxième ?

MC : La transition écologique et énergétique. Dans ce domaine, la CEA se doit d’être exemplaire. Dans ce domaine, il y a beaucoup de leviers. Nous proposons de commencer par un diagnostic énergétique des environ 180 bâtiments qui dépendent de la CEA, la mise en œuvre de systèmes photovoltaïques sur les collèges, la déminéralisation des cours de récréation. Mais dans ce volet, nous souhaitons également nous pencher sur l’alimentation dans les cantines, nous voulons mettre en œuvre des circuits plus courts entre les producteurs locaux et régionaux et les consommateurs, ce qui semble évident dans une région avec un secteur agricole très fort et – la CEA peut réaliser ce genre de projet. Ensuite, et ce point tombe également dans ce domaine, il y a la responsabilité pour les routes qui a été attribuée à la CEA. Là, il convient de coopérer étroitement avec les autres collectivités, comme l’Eurométropole qui elle, gère les routes sur son territoire et la Région Grand Est, qui a également des responsabilités dans ce domaine. Il s’agit d’établir une bonne cohérence entre ces différents niveaux pour réfléchir ensemble à de nouvelles approches, comme par exemple sur de nouveaux mécanismes de régulation du transit de poids lourds sur notre territoire. Pour ces dossiers, il faudra également travailler étroitement avec les collectivités lorraines et champenoises. Et là, c’est le moment d’arrêter les querelles stériles entre la Région Grand Est et les autres collectivités, car il faudra des solutions communes qui répondent aux réalités et besoins des territoires.

Et le troisième axe ?

MC : Le troisième axe est le volet « Démocratie / Citoyenneté ». La distance qui sépare les citoyens et citoyennes du monde politique et qui se traduit par une forte augmentation de l’abstentionnisme, est arrivée au niveau local. Nous proposons de créer un budget conséquent pour des projets proposés et votés par les Alsaciens, il faudra renforcer le rôle des conseils des jeunes et des conseils des cantons qui doivent s’ouvrir aux forces vives du territoire, comme les associations. Et bien entendu, il faudra intensifier la lutte contre toute forme de discrimination – que ce soient les inégalités entre femmes et hommes, le racisme, l’antisémitisme. Là, il faudra agir avec détermination – un fort pourcentage d’actes antisémites se déroulent malheureusement en Alsace et il ne suffit plus de faire ce constat et se lamentant. Il faut agir sans la moindre ambiguïté et avec la CEA, nous disposons d’un outil qui peut jouer un rôle important dans la lutte contre les discriminations.

Vous évoquez l’importance d’une coopération étroite avec les autres collectivités. Maintenant, les sondages indiquent la possibilité que la Région Grand Est puisse tomber entre les mains du Rassemblement National. Comment envisageriez-vous une coopération avec une région dirigée par l’extrême-droite ?

MC : Je ne peux pas l’imaginer. Mais force est de constater qu’autant la gauche que la droite n’ont pas réussi à se fédérer pour les élections régionales. Deux listes de chaque côté se disputeront les votes et le soir du premier tour, il faudra se décider d’ériger un barrage démocratique contre l’extrême-droite. Bien sûr, il faut tout faire pour empêcher le Rassemblement National de s’emparer de la Région – et il est d’autant plus important que la gauche soit présente à tous les échelons de la politique.

Mathieu Cahn, merci pour cet entretien !

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