La stratégie franco-allemande reste la dissuasion des réfugiés

Lors de la visite de François Hollande à Berlin, la chancelière Angela Merkel a présenté les grandes lignes de la démarche franco-allemande en matière de réfugiés.

Ils semble s'apprécier, les deux. Mais le programme pour la gestion des réfugiés franco-allemand laisse à désirer. Foto: (c) Présidence de la République / L. Blevennec

(KL) – La visite de François Hollande à Berlin était très cordiale. Le socialiste et la conservatrice semblent s’entendre à merveille et c’est dans une ambiance détendue que les deux se sont présentés devant la presse internationale pour y présenter les grandes lignes de leur projet concernant la gestion européenne des réfugiés. Mais une nouvelle fois, il s’agit d’un projet qui profitera surtout aux états européens, et non pas aux réfugiés.

La France et l’Allemagne veulent établir une liste européenne des pays considérés comme «pays d‘origine sûre» – permettant d’expulser rapidement les ressortissants de ces pays qui viennent dans l’Union. Cette mesure concernera surtout les pays des Balkans comme le Kosovo ou l’Albanie et cela pose problème. Quels sont les critères selon lesquels un pays est considéré comme «sûr» ? Déjà au sein de l’Europe, les opinions varient fortement. Par exemple, en ce qui concerne le Kosovo, l’Allemagne refuse plus de 99% des demandes d’asile, tandis que la Suisse les accepte à environ 40%, considérant que la situation dans ce pays dirigé par des «warlords» criminels, est tout sauf sûr. Et quid des Roms qui subissent des poursuites dans de nombreux pays ?

Deuxième grande mesure proposée par Angela Merkel et François Hollande – la mise en place de «centres d‘enregistrement de demandeurs d‘asile» en Italie et en Grèce, financés et opérés par l’UE. Ce qui pourrait ressembler à un effort solidaire et européen, est en réalité une mesure qui vise à éviter que des réfugiés qui arrivent massivement dans ces deux pays, puissent continuer leur chemin vers les pays du nord de l’Europe. Comprendre : en maintenant les accords de Dublin qui prévoient qu’un demandeur d’asile doit déposer sa demande au pays où il arrive en Europe, les pays du sud de l’Europe resteront seuls avec l’afflux de migrants en provenance du Proche et Moyen Orient et de l’Afrique. Est-ce vraiment de la solidarité européenne ?

En échange, le président français et la chancelière allemande proposent la définition de standards européens communs en ce qui concerne le traitement médical et social, le logement, les prestations pour les réfugiés. Là, il s’agit d’une bonne idée qui toutefois, semble difficile à mettre en œuvre – car ces «standards» varient aussi d’un pays à l’autre et sont souvent le reflet des possibilités économiques des pays concernés.

L’idée de quotas définissant un nombre de réfugiés que chaque état européen devrait accueillir, semble être abandonnée. La solidarité européenne touche à ses limites et ce sont surtout les pays de l’est de l’Europe qui se révoltent à l’idée de devoir se comporter de manière solidaire. Ce qui peut surprendre, lorsque l’on réalise que ces pays, il n’y a pas longtemps, avaient un besoin vital de la solidarité européenne, soit pour relancer leur économie, soit pour assurer leur nouvelle indépendance.

L’approche franco-allemande en matière des réfugiés manque terriblement d’une dimension importante – l’humanité. Une politique qui vise à «dissuader» les réfugiés de venir chez nous, implique logiquement le soupçon que ces réfugiés quittent leurs pays par plaisir ou par avidité. Ce qui est complètement faux. De plus, cette politique crée les fondements de la violence xénophobe à laquelle nous assistons actuellement tous les jours en Allemagne. Quasiment tous les jours, des centres d’accueil partent en flammes et ne peuvent plus être utilisés par ceux que la politique n’a pas réussi à dissuader de venir. Pour ceux qui viennent de fuir la guerre, la guerre civile, les représailles de toute sorte, le cauchemar n’est pas fini en arrivant en Europe. Le projet franco-allemand présenté par Angela Merkel et François Hollande n’y changera rien.

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