La succession de tous les dangers
Qui succédera au Pape François et qu’adviendra-t-il de son héritage progressiste ?

(Jean-Marc Claus) – Au 4.422e jour de son pontificat, le Pape François a, selon l’expression consacrée, été rappelé par Dieu. Choisissant de devenir prêtre à l’âge de 21 ans, au décours d’une pathologie pulmonaire, son parcours l’a conduit d’Argentine au Vatican, où il s’est éteint âgé de 88 ans, selon plusieurs médias suite à un accident vasculaire cérébral ou une hémorragie cérébrale. Engagé plus des trois quart de sa vie au service de l’Église Catholique Apostolique et Romaine, Jorge Mario Bergoglio aura marqué le premier quart du XXIe siècle.
François sortit du lot des successeurs de l’apôtre Pierre, comme Karol Józef Wojtyła alias Jean-Paul II, qui fut le premier pape non italien depuis cinq siècles. Premier pape latino-américain de l’Histoire, François était plus proche du progressiste Jean-Paul Ier dont le pontificat-éclair dura 33 jours, que de Jean-Paul II et Benoît XVI qui de 1978 à 2013, plombèrent l’Église à un moment clef, où elle aurait gagné à se réformer.
Sensibilisé très tôt aux idées et idéaux de gauche, il n’a jamais adhéré à un parti politique, et certains ont voulu voir en lui un tenant de la Théologie de la Libération. Cela aurait été parfaitement plausible, vu son arrière plan philosophique et politique, mais il y a fort à penser qu’un tel engagement impacterait sévèrement sa carrière, au point de lui fermer les portes du Vatican. Il s’est exprimé à plusieurs reprises, à propos de ce mouvement né dans les années soixante, à l’issue du Concile Vatican II, et condamné en 1984 par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF), « digne » héritière de la Sacrée Congrégation de l’Inquisition Romaine et Universelle.
Il n’était donc pas un pape de gauche, mais sa volonté de réformer l’Église, fut-ce partiellement, doit être saluée, même si les résultats ne sont pas à la mesure des attentes de beaucoup de fidèles. Différents courants s’affrontent au sein de la Curie Romaine, et ce ne sont pas les réformateurs qui tiennent le haut du pavé. D’où, il y a quatre décennies, la condamnation de la Théologie de la Libération, pour introduction de l’analyse marxiste dans le discours théologique. Exécution en règle d’un mouvement porteur d’espoir, réalisée par le cardinal Ratzinger futur Benoît XVI, alors porte-flingue du pape Jean-Paul II.
Il en est qui, comme Frei Betto, ont survécu et exercent toujours une influence positive en Amérique Latine. Mais au Vatican, la succession du pape François, risque d’être l’occasion d’un tour de vis réactionnaire. Ceci dit, en 1978 personne ne s’attendait à l’élection d’Albino Luciani qui fut surnommé « Le pape au sourire ». Se plaçant dans la lignée de ses deux prédécesseurs, Jean XXIII et Paul VI qui étaient progressistes, il avait souhaité en tant que Jean-Paul Ier, continuer à faire souffler un vent de fraîcheur sur l’Église, mais devait aussi concilier les deux tendances. On connaît la suite : 2 papes réactionnaires qui l’ont vite fait oublier en 34 ans, 4 mois et 12 jours de rigidité doctrinale.
Qu’espérer après le pontificat de François, pour l’Église Catholique Apostolique et Romaine, mais surtout pour ses fidèles qui, malgré les multiples scandales secouant l’institution, restent attachés à leur foi ? L’élection d’un pape progressiste, conscient qu’il est déjà bien tard, et surtout déterminé à envoyer aux poubelles de l’Histoire, ces vieilles badernes curiales fossilisées dans des dogmes inhumains. Un vœu pieux en quelque sorte, quoi que…
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