La Thuringe veut abolir toutes les mesures sanitaires

A partir du 6 juin, la Thuringe veut abolir toutes les mesures sanitaires, y compris le port de masques et les gestes-barrière. Est-ce que la politique peut déclarer la fin d'une crise sanitaire ?

Le ministre-président de la Thuringe risque gros - son "déconfinement total" doit fonctionner... Foto: DiG / TRIALON / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Depuis que le ministre-président de la Thuringe Bodo Ramelow (Die Linke) a annoncé son plan d’abolir tout bonnement toute mesure sanitaire, les critiques fusent de toute part. Et en effet, on peut se poser la question : pourquoi le déconfinement en Thuringe ira-t-il jusqu’à l’abolition des gestes-barrière que les gens, en Thuringe, viennent tout juste d’apprendre à faire comme le monde entier ces derniers mois ? C’est comme si le gouvernement de la Thuringe venait de proclamer la fin de la pandémie – et les virologues et le corps médical se montrent choqués.

Plus aucune règle sanitaire, plus de restrictions de contacts, plus de masques, plus de gestes-barrière : Bodo Ramelow agit comme si le SARS-CoV-2 n’existait plus. Dans les écoles et crèches, Ramelow veut revenir le plus vite possible à un rythme normal. Pour cela, il prévoit de faire tester l’intégralité des enseignants aux frais du Land. C’est donc la politique qui décide que la corona-crise est terminée. Plus de virus, circulez, il n’y a plus rien à voir.

Dans la foulée, Ramelow souhaite dissoudre la cellule de crise du Land et la remplacer par un système d’alarme rattaché au ministère de la Santé de la Thuringe. En contre-partie de la levée totale de toute mesure sanitaire, le ministre-président veut intervenir là où le virus persiste. Dans les districts où le taux de nouvelles infections dépasserait 35 infections pour 100 000 habitants, il veut imposer « rapidement des mesures très strictes ».

La raison pour ce « déconfinement total », c’est le nombre relativement faible de cas de Covid-19 dans le Land de Thuringe. Pourtant, dans deux districts de ce land, le virus avait frappé particulièrement fort : à Greiz et à Sonneberg. Difficile de clamer dans ces conditions que la Thuringe a été épargnée ; et il est aussi difficile de comprendre pourquoi même les gestes-barrière devraient être abolis dès le 6 juin.

En Thuringe, les ultranationalistes de l’AfD sont particulièrement forts, et il est à craindre que ce « déconfinement total » ne soit une réaction aux nombreuses protestations de l’extrême-droite qui considère que les mesures sanitaires constituent une infraction aux droits individuels. Comme si ce virus n’existait pas, affirmation défendue par bon nombre d’extrémistes.

Pour Bodo Ramelow, il suffira d’émettre des « recommandations », mais cela relève plutôt du vœu pieu. Déjà, les consignes imposées n’avaient pas été beaucoup suivies ; alors, qui suivra des « recommandations » ?

Au niveau national, les responsables des autres partis se montrent choqués, tout comme les fédérations médicales qui estiment qu’il est beaucoup trop tôt pour ce « déconfinement total ». Si on comprend aisément le souhait de relancer maintenant la machine économique, de nombreux observateurs craignent que l’abolition de l’intégralité des mesures sanitaires puisse déclencher de nouveaux foyers.

Malheureusement, ce n’est pas la politique qui décide de la présence ou de la disparition de ce virus. Espérons pour les habitants de Thuringe que le cavalier seul de Bodo Ramelow ne conduira pas à une reprise de la propagation de ce virus. Car il est toujours là, que cela plaise à Bodo Ramelow ou pas.

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