La Turquie s’isole de plus en plus

Est-ce que l'OTAN risque de connaître des changements majeurs ? Les provocations de la Turquie en direction de l'OTAN et de l'Europe se multiplient.

Est-ce que cet homme peut être un partenaire pour l'OTAN ? Ou pour l'UE ? Foto: Carlos Latuff / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Le ton monte encore une fois entre la Turquie et l’Allemagne, mais aussi entre la Turquie et l’Autriche et finalement, entre la Turquie et l’OTAN. Après l’annullation par la Turquie d’une visite d’une délégation de députés nationaux, le ministre des affaires étrangères Sigmar Gabriel a qualifié cette démarche « d’interdiction du territoire ». Juste avant le sommet de l’OTAN, l’Allemagne réfléchit à voix haute quant à une fermeture du centre de Incirlik où sont stationnés des soldats allemands pour le compte de l’OTAN – estimant qu’il est impossible de remplir la mission de l’OTAN dans ces conditions.

Hormis le fait que ce n’est pas la première fois que la Turquie interdit à des élus allemands d’entrer sur son territoire pour se rendre à Incirlik, la Turquie compte imposer également un « embargo » de l’OTAN à l’Autriche. L’Autriche, non-membre de l’OTAN, coopère étroitement avec l’OTAN et la Turquie demande à ce que cette coopération soit terminée. A croire que le régime d’Erdogan cherche le clash avec l’OTAN – et la Turquie devient un véritable casse-tête géopolitique.

Erdogan cherche cette confrontation avec l’OTAN pour mieux se positionner dans l’Organisation des Etats Arabes où il cherche actuellement de nouveaux liens économiques et financiers. De l’autre côté, l’OTAN doit se poser la question si la Turquie est encore un partenaire fiable qui devrait avoir accès à tous les dossiers et secrets de l’OTAN. En vue de son évolution vers une dictature présidentielle à caractère islamique, mais aussi de sa proximité avec les états arabes et de sa position peu claire vis-à-vis de Daesh, il se pose la question si la Turquie peut encore rester membre de l’OTAN.

Toutefois, sa position géostratégique rend la Turquie presque indispensable pour l’OTAN, située à l’interface entre l’Europe et l’Asie, la Russie, le Proche et le Moyen Orient. Mais comment peut travailler l’OTAN en Turquie si la hiérarchie politique du commandement de la Bundeswehr ne peut pas se rendre auprès des soldats allemands qui y sont stationnés ?

Claudia Roth (Verts) qui faisait partie de cette délégation, estime que cette interdiction de se rendre en Turquie représente une nouvelle escalade des relations germano-turques et propose de déplacer le centre d’Incirlik vers la Jordanie, proposition actuellement discutée de manière controversée par les partis présents au Bundestag.

Hier, l’OTAN a décidé d’adhérer à la coalition internationale qui combat Daesh – ainsi, la Turquie sera au courant de chaque décision stratégique, intervention, opération. Considérant l’attitude de la Turquie d’Erdogan, l’idée que ce régime soit au courant de tous les plans pour venir à bout de Daesh, est inquiétante. Les informations que la Turquie obtiendra automatiquement, pourraient être très précieuse entre les mains de gens malintentionnes…

Il ne faut pas oublier ce qu’il se passe aujourd’hui en Turquie et en tenir compte dans la définition des futures relations avec la Turquie. Pour rappel, de nombreux journalistes, intellectuels, artistes sont incarcérés en Turquie, dont le journaliste germano-turc Deniz Yücel depuis 100 jours. Avant qu’ils n’aient retrouvé la liberté, il est difficile d’imaginer une quelconque coopération entre l’OTAN, l’UE et la Turquie.

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