La vérité sur la Grèce – que nous ne voulons pas voir

Dans le dossier de la Grèce, tout le monde parle chiffres. Vous voulez des chiffres ? Nous vous donnons des chiffres. Non pas de taux d’intérêts, pas de milliards, mais les chiffres de la misère.

Oui, la Grèce est belle, comme ici à Matala sur l'île de Crète. mais la Grèce se meurt. Foto: Marc Ryckaert (MJJR) / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Actuellement, l’attention se détourne de la Grèce. D’autres sujets prennent le dessus. Comme les bombardements de la Turquie sur les Kurdes et d’autres. La Grèce, nous sommes déjà presque au point de l’oublier, considérant que le plus grave soit passé. Erreur.

Voici donc quelques chiffres qui devraient faire réfléchir. Des chiffres qui devraient clouer le bec à ceux qui estiment toujours «qu’on ait assez payé pour ces grecques avides». Des chiffres qui devraient nous faire réfléchir nous quant à la responsabilité de ceux à qui nous avons donné le pouvoir d’agir. Et qui, en toute occurrence, n’agissent pas comme il faut. La source de ces chiffres est un documentaire du français Philippe Menut qui accompagne les souffrances du peuple grec depuis 2012. Dans son film, il décrit de manière impressionnante les conditions de vie des grecs depuis 2012. A pleurer.

Le premier chiffre – depuis 2012, selon un rapport de «Médecins sans frontières», le taux de mortalité des enfants a augmenté de 43% en Grèce. La raison – le collapse de la couverture médicale pour un bon tiers de la population grecque, la faim (oui, la faim – depuis 2012, 400.000 grecs sont morts de faim) et bien entendu, la misère galopante au pays.

Depuis 2012, les retraites ont baissé de 25% en Grèce, à Athènes, on dénombre 30.000 sans-abris, le budget de la santé a été réduit d’un tiers, tandis que le chômage a augmenté d’environ 300%. Plusieurs services publics ne fonctionnent tout simplement plus.

40% de la population à Athènes n’a pas pu chauffer les logements l’hiver dernier – et la Troïka ne trouve rien de mieux que d’imposer une hausse de la TVA sur l’énergie. Avec un salaire minimum de 480 €, chauffer son logement devient un véritable luxe.

Il convient aussi d’en finir avec de vieux préjugés, comme celui que les grecs ne paient pas d’impôts. Comme en Allemagne, l’impôt sur le revenu est prélevé à la source et la fraude fiscale concerne, comme dans de nombreux autres pays, les riches et les super-riches.

Les grecs fainéants ? Quelle idée ! En moyenne, un salarié grec (du moins, ceux qui ont la chance d’avoir un travail) travaille 40,6 heures par semaine, en France 35,7 heures et en Allemagne, 35,3 heures. Mais nos médias de masse ont réussi à dessiner une image totalement faussé des conditions de vie en Grèce et autant en France qu’en Allemagne, ils sont nombreux à croire que les grecs passent leur temps à faire la fête sur la plage pour nous envoyer l’ardoise. Ce qui est, bien entendu, le contraire de ce qui se passe à moins de 3 heures de vol de Paris.

Mais ce n’est pas tout. Depuis 2012, le nombre d’avortements en Grèce a augmenté de 30% – car avoir un enfant à un moment marqué par l’instabilité, l’insécurité et la peur, cela relève de l’irresponsabilité. Une grossesse dans un pays où la couverture médicale ne fonctionne plus ? Et où, par conséquent, la mortalité des enfants a augmenté de 43% ?

L’intransigeance et l’austérité européennes tuent. Froidement, et l’Union s’en fiche. Tout ce qui intéresse à Bruxelles, ce sont les crédits, les taux d’intérêt, le fonctionnement des «marchés». La Grèce continuera à souffrir des «réformes» imposées par l’Union Européenne non pas pendant quelques années, mais pendant des générations. Il n’a que deux mesures qui pourraient réellement améliorer le sort du peuple grec – un effacement immédiat de la dette grecque, comme cela avait été accordé à l’Allemagne en 1953 et le remboursement du «crédit forcé» par l’Allemagne, ce crédit pris par les Nazis lorsqu’ils avaient pillé la Banque Nationale grecque. Toute autre mesure ou «réforme» ne ferait qu’augmenter les souffrances de nos partenaires grecs.

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  1. En complément : le film dont il est question se nomme “La tourmente grècque” – plus d’infos sur le site du film : https://lesfilmsdumouvement.wordpress.com/

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