La violence contre les étrangers devient un phénomène quotidien en Allemagne

Presque 600 attaques sur des structures de réfugiés et des personnes ont été recensées en 2015 en Allemagne. C’est l’autre face de la «Willkommenskultur».

Voilà ce que les nazis avaient fait en 1944 en France. Les xénophobes millésime 2015 font exactement la même chose. Foto: Bundesarchiv, Bild 101I-720-0329-32, Koll / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Contrairement à ce que l’on pouvait penser, le plus grand nombre des attaques contre des structures de réfugiés et des personnes n’ont pas lieu en Saxe, Land réputé être le fief des xénophobes allemands. Le triste record du plus grand nombre d’attaques sur fond de xénophobie est détenu par la Rhénanie du Nord-Westphalie où l’on compte pas moins de 121 de ces attaques en 2015, comme le relève le Bundeskriminalamt (BKA). Quasiment tous les jours, un centre d’accueil part en flammes, quasiment tous les jours, des étrangers se font agressés dans les rues allemandes et ce, autant à l’est qu’à l’ouest. La violence est arrivée dans les rues allemandes.

Le BKA craint que nous ne soyons qu’au début d’une évolution et que surtout, la violence dirigée contre des personnes puisse s’intensifier ces prochains temps. Les violences motivées «politiquement» sont tous les jours stimulées par un discours politique qui se veut alarmant et qui fait fi des réalités de la situation. Ainsi, la droite nationaliste ne se fatigue pas de répéter que «le bateau est plein», qu’il faille ériger des murs et des barbelés, qu’il convienne de suivre l’exemple de la Hongrie qui a fermé ses portes aux réfugiés, oubliant ses plus de 200 000 compatriotes qui, en 1956, avaient trouvé asile dans d’autres pays européens. Ce discours politique nationaliste se traduit de plus en plus par la violence dans la rue – qui a culminé dans l’attentat sur la candidate aux élections municipales à Cologne, Henriette Rekers.

Le rapport entre un discours de haine et des actes de haine dans la rue n’est plus à démontrer et c’est pour cette raison qu’il faut s’attendre à une escalade de ces actes criminels. Et on ne peut pas s’empêcher de penser aux années 30 du siècle dernier en Allemagne lorsque le fascisme s’étalait dans les rues de l’Allemagne et comme à l’époque, la peur de s’interposer dans des situations violentes s’installe à nouveau. Les gens préfèrent tourner le regard lorsque des étrangers se font agresser.

Cette évolution est dangereuse, très dangereuse même. Cela commence par des soulards qui agressent verbalement de jeunes étrangers dans le tram, sans que personne ne bouge, cela continue par des attaques groupées et cela finit par des centres d’accueil qui sont ravagés par les flammes. En Allemagne, on a connu une évolution comparable – à l’époque, les «sauveteurs de l’occident» chassaient les juifs, aujourd’hui, ils chassent les réfugiés, les étrangers et ceux qui osent leur apporter leur soutien.

La société allemande se trouve en pleine scission aujourd’hui et on constate dans les débats que la vague de solidarité qui enthousiasmait l’Allemagne fin août, début septembre, s’estompe au détriment d’un nouveau nationalisme – il s’agit maintenant de défendre son bifteck, de faire en sorte à ce que les réfugiés ne prennent pas le contrôle du pays et que l’islam n’étouffe pas le monde occidental. Foutaises ! Ces craintes sont le produit d’un discours politique irresponsable, elles sont le résultat d’une politique honteuse que mènent les états de l’est de l’Europe qui, tout juste sortis du pétrin du Bloc de Varsovie, ont déjà oublié la signification du terme «solidarité».

Et chaque attaque, chaque attentat, ne fera qu’augmenter cette peur, stimulera d’autres à s’adonner à de tels actes et le climat d’angoisse deviendra de plus en plus lourd. C’est dans un tel contexte que fleurit le totalitarisme.

Presque 600 attaques xénophobes en 2015 – c’est un signal pour toute la société qu’il faille agir. Les tribunaux ne doivent pas hésiter à condamner les auteurs de ce genre de crime sévèrement, la police doit s’employer d’élucider ces crimes de haine et la société toute entière doit les condamner, au lieu de les approuver plus ou moins ouvertement au «stammtisch».

Cette évolution concerne l’ensemble des acteurs de la société – la politique, les églises, la société civile, tout le monde. Il faut se révolter contre cette vague marron qui menace toute l’Europe, dans les parlements, dans les rues, dans la tête des gens. Réveillons-nous avant qu’il ne soit trop tard !

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