La voie verte sans la base grise

Au Portugal, la Secrétaire d'État à l'Environnement prend clairement position pour une transition écologique citoyenne, et contre un certain business as usual.

Le recyclage des bouteilles en polyéthylène téréphtalate va se développer au Portugal. Foto: Martin Abegglen / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – Fin juillet, Inês dos Santos Costas, la Secrétaire d’État à l’Environnement, a transmis à l’agence de presse portugaise Lusa les éléments de bilan d’un projet pilote de récupération des bouteilles en plastique contre consigne débuté quatre mois plus tôt. Avec 5 cents pour une grande bouteille, nous sommes au cinquième de la « Pfand » pratiquée Outre-Rhin, mais le niveau de vie diffère d’un pays à l’autre. Le niveau de vie, les pratiques et les mentalités, car au Portugal cette expérience pilote prévoit que ces bons de consignes puissent être utilisés non seulement pour des achats, mais aussi offerts à des institutions.

Les machines de collectes mises en place dans 23 sites ont permis en trois mois de récupérer plus d’un million de bouteilles, ce qui représente tout de même en bons de consigne, la somme de 44.000€. Fin juillet, 80% des bons avaient été utilisés. Ceci laisse supposer que certains consommateurs les conservent plus longtemps pour constituer des sommes plus significatives. En tous les cas, ça marche et d’autres expérimentations vont dans le même sens.

Dans son discours à la cérémonie de signature des projets pilotes,  Inês dos Santos Costas a souligné à travers plusieurs points intéressants, que l’économie circulaire figure au centre de ce système. Ce qui est aussi une ambition affichée par l’Union européenne. Le but est d’atteindre d’ici 2025 la collecte de 77% – en poids – des bouteilles en polyéthylène téréphtalate (PET) mises sur le marché, pour en 2029 arriver à 90%. Leur recyclage est prévu à 50% d’ici 2025, pour monter à 60% en 2030, et 65% en 2035.

Il faut savoir qu’actuellement, la collecte indifférenciée représente au Portugal 80% de la collecte des déchets en milieu urbain. Donc le recyclage constitue un défi pour lequel la secrétaire d’état en appelle au civisme de chacun, tant citoyens lambda que collectivités locales. D’une manière très explicite, elle dit ne pas avoir besoin de quelques Portugais pour réaliser ces opérations de réduction des plastiques et de leur recyclage, mais de dix millions de Portugais, soit la population totale du pays.

Se projetant au delà de l’horizon 2030, Inês dos Santos Costas, parfaitement consciente des enjeux actuels, affirme très clairement  : « Nous ne pouvons pas dire que nous voulons une ‘voie verte’, tant que cela est fait en plus d’une ‘base grise’ de business as usual. ». Entre voie verte et base grise, il faudra choisir, la Secrétaire d’État n’étant visiblement pas adepte d’un certain en-même-temps macroniste.

Très loin d’une conception jupitérienne du pouvoir, Inês dos Santos Costas martèle avec conviction : « Nous devons repenser les instruments de la politique. Nous devons nous engager davantage auprès du citoyen. ». S’engager auprès du citoyen et repenser les instruments de la politique, pour un pays au 11e rang de la démographie de l’Union européenne et représentant 2,3% de sa population, cela pourrait constituer un défi possiblement relevable, et donc une manière de montrer qu’il y a encore des alternatives à la soumission à la base grise.

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