L’abstention : le troisième candidat de cette élection présidentielle 2022

Emmanuel Macron est réélu en tant que président de la République avec 58,55% des voix, battant de quelques points sa rivale du Rassemblement national, Marine Le Pen. Si ce second tour fait débat, notamment sur l’arrivée aux portes du pouvoir de l’extrême-droite, l’abstention bat, elle aussi, les records.

On n'a pas vu beaucoup de jeunes dans l'isoloir lors des élections présidentielles... Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY 2.0

(Elsa Woeffler) – Au lendemain de la réélection du président sortant, un troisième candidat s’est invité à ce second tour : l’abstention. Selon un sondage de l’Ipsos, c’est 28% de l’électorat français qui ne s’est pas présenté aux urnes. C’est le taux le plus élevé enregistré pour un second tour, depuis 1969. Cette fois-ci, l’abstentionnisme est relativement homogène, avec, toutefois, une catégorie d’électeurs qui sort du lot : les 18-24 ans. Le taux s’élève, dans cette catégorie, à 41% d’abstention. Pour certains, leurs absences aux urnes peuvent s’expliquer par un manque d’intérêt à la politique, peu ou pas de proximité partisane ou encore, par manque de conviction envers le programme d’un des deux candidats. « Ce qui m’a poussé vers l’abstention, c’est le fait que je ne me reconnaissais dans aucun des deux candidats, clairement », explique Mathias Michel. En effet, le jeune homme ne s’est ni projeté avec Emmanuel Macron, ni avec Marine Le Pen, pour plusieurs raisons. « Je pense que c’est une nécessité absolue d’empêcher l’extrême-droite d’arriver au pouvoir. Mais si pour ce faire, il faut voter pour Macron, et donc valider une personne qui nomme et maintient un ministre de l’Intérieur qui a demandé des faveurs sexuelles, qui lacère des tentes de réfugiés et qui interdit à des associations de pouvoir apporter leurs aides dans des camps de réfugiés, c’est trop dur pour moi », ajoute-t-il.

« Ça m’a dégoûté un peu de voir que 40% des jeunes s’était abstenu au premier tour, on dirait qu’ils s’en foutent de leur avenir. » Joanna

L’abstention était notamment la plus élevé chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, qui avait pourtant appelé au vote « barrage » afin que l’extrême-droit n’accède pas au pouvoir. Le taux s’élève à 41%. « J’ai voté Mélenchon au premier tour, je suis jeune, mon vote allait de soi pour lui. C’est le seul qui proposait un programme réellement pour nous aider et nous aider à aller de l’avant, contrairement à Macron ou Marine Le Pen », explique Joanna Figeac-Ziane. La jeune femme exprime son désarroi face à cette abstention record chez les jeunes. « Cela m’a dégoûté un peu de voir que 40% des jeunes s’étaient abstenu au premier tour, on dirait qu’ils s’en foutent de leur avenir. Résultat, on nous laisse le choix entre Macron et Marine Le Pen », ajoute-t-elle.

Alors que les deux partis d’extrême-gauche et d’extrême-droite n’ont pas réussi à atteindre les portes du pouvoir, certains attendent les élections législatives hardiment. « Par contre, je compte voter aux législatives afin d’obliger le président à y instaurer une cohabitation », ajoute la jeune étudiante.

« Je trouve antidémocratique d’aller à l’encontre de ces gens, alors que personnellement, aucun des deux choix ne me satisfait. » Axel

Toutefois, le vote blanc a parfois été une solution pour ces jeunes désarmés face à leurs choix politiques. Rendre une enveloppe vide ou un bulletin vierge se présentait alors comme une solution. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, le pourcentage de vote blanc correspond à 4,57% des inscrits sur les listes électorales. Un chiffre multiplié par quatre, par rapport à ceux du premier tour, avec un chiffre qui s’élevait à 1,12%. « Pour différentes raisons, je ne peux pas donner de voix a Marine Le Pen ni à Emmanuel Macron », commente Axel, un jeune franco-allemand. Pour lui, le vote barrage n’est pas une solution, mais ne pas voter, non plus. Alors, le vote blanc s’est imposé de lui-même. « Pour autant, je ne suis pas un castor, alors l’argument du barrage ne me convient pas. Je trouve anti-démocratique d’aller à l’encontre de ces gens, alors que personnellement, aucun des deux choix ne me satisfait. J’ai voté blanc parce-que je ne veux pas être associé aux personnes qui ne se lèvent pas le dimanche pour aller voter », termine Axel. On verra si cette tendance se confirme lors des élections législatives au mois de Juin.

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