L’aéroport de Faro change de nom

A l’occasion d’un centième et d’un deux centième anniversaires, l’aéroport international de Faro prend le nom d’un pionnier de l’aéronautique.

Une copie de l’hydravion Lusitânia, installée au bord du Tage, regarde vers le large. Foto: Holger Uwe Schmitt / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Comme l’annonçait l’agence de presse portugaise Lusa, l’aéroport international de Faro, situé au sud du pays, changera de nom. Créé en 1965, il va désormais s’appeler « Aeroporto Gago Coutinho », en l’honneur du marin et géographe qui, en 1922, faisant équipe avec l’aviateur Sacadura Cabral (1881-1924), traversa pour la première fois l’Atlantique Sud par la voie des airs, de Lisbonne à Rio de Janeiro.

Né à Lisbonne, Carlos Viega Gago Coutinho (1869-1959) était issu d’une famille originaire de São Brás de Alportel, au nord de Faro et donc de l’Algarve. Il avait, en 1921, déjà réalisé avec le même équipier, la traversée aérienne Lisbonne – Funchal, reliant ainsi la métropole à Madère. C’est l’hydravion Lusitânia, un Fairey 400, qui les transporta de l’ancien au nouveau mode. Une copie de cet appareil regardant vers le large, se trouve à Lisbonne au bord du Tage, près de la Tour de Belém.

Ce choix, approuvé pas plusieurs communes d’Algarve et le Conseil des Ministres, est à l’initiative d’un mouvement citoyen voulant honorer cet enfant du pays, à l’occasion du centième anniversaire de sa traversée transatlantique. Une cérémonie, présidée par le président Marcelo Rebelo de Sousa et malheureusement très peu fréquentée, avait d’ailleurs eu lieu en janvier pour commémorer cet exploit.

Lors de leur raid Lisbonne – Funchal, qui était en quelque sorte une mise en jambes, ils avaient testé des instruments de navigation créés à cet effet par Gago Coutinho, dont un sextant et un correcteur de direction imaginés par le géographe qu’il était. L’année 1922 n’avait pas été choisie par hasard, car il s’agissait du premier centenaire de l’indépendance du Brésil.

L’arrivée des deux aviateurs à Rio de Janeiro fut un événement comparable à l’atterrissage de Charles Lindbergh au Bourget, cinq ans plus tard. Depuis, les relations entre les deux pays n’ont cessé de se réduire, d’où, à l’occasion de cette commémoration en janvier dernier, l’appel du président portugais à ne pas négliger les célébrations du bicentenaire de l’indépendance du Brésil.

Une petite vidéo des plus savoureuses, réalisée par le journaliste brésilien Eduardo Bueno pour sa chaîne YouTube « Buenas Ideias », fait le récit de cette traversée historique en une vingtaine de minutes. Il n’est pas forcément nécessaire de parler couramment portugais pour prendre plaisir à la visionner, car son phrasé est déjà un spectacle et des photos d’époque illustrent le propos.

Engagé dans la marine à l’âge de dix-sept ans, Gago Coutinho y fit carrière malgré son extraction modeste et il devint amiral en 1958, alors qu’il avait été, en 1922, promu vice-amiral, suite à l’exploit accompli avec le pionnier de l’aviation Sacadura Cabral, qu’il avait rencontré lors d’une de ses nombreuses missions de géographe dans les colonies portugaises.

L’hydravion n’ayant pas de réservoirs d’une capacité suffisante, il a été suivi à distance par le navire de soutien República, assurant son ravitaillement en carburant. Les archipels des Canaries, du Cap Vert, de São Pedro e São Paulo et l’île Fernando de Naronha, figuraient également sur le trajet à cet effet.

Le voyage nécessitant 62 heures et 26 minutes de vol, pour parcourir 8.383 miles nautiques, soit 15.525,35 km, fut effectué du 30 mars au 17 juin 1922. Des avaries moteur contraignirent les aventuriers à changer à deux reprises d’hydravions, le « Patria », un Fairay 16, succédant au Lusitânia et c’est avec un Fairay 17 nommé « Santa Cruz » qu’ils arrivèrent enfin au Brésil.

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