L’AfD est en train de rattraper le SPD

Le SPD est en chute libre. Le parti privé de ses cadors, sa deuxième ligne ne convainc pas les électeurs et électrices. Sous peu, l’AfD sera la deuxième force politique en Allemagne.

Ici, au Willy-Brandt-Haus, QG du SPD à Berlin, on s'inquiète de plus en plus... Foto: Ansgar Koreng / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0de

(KL) – Le problème des sociaux-démocrates allemands du SPD et celui du PS en France est le même. Suite aux résultats catastrophiques des deux formations dans leur pays respectifs, autant le SPD que le PS n’arrivent pas (pas encore ?) à passer par une vraie phase d’introspection et d’analyse des erreurs ayant conduit les deux partis aux bords du gouffre. Pourtant, le SPD et le PS le savent – il faut passer par une telle phase. Et certainement pas comme l’a fait François Hollande dans son livre « Les Leçons du pouvoir » où le chapitre « Analyse de nos erreurs » n’occupe même pas une page entière des 407 pages de l’ouvrage. Les sondages actuels devraient pourtant inviter le SPD comme le PS non seulement à annoncer une réorientation de la social-démocratie, mais de s’y mettre enfin.

Selon un sondage actuel de SPON/Civey, le SPD est en train de se faire rattraper par l’extrême-droite. Avec seulement 16,6% des intentions de vote, le SPD sent déjà le souffle chaud des extrémistes dans son dos : l’AfD pointe à 15,2% et semble s’être installé définitivement dans le paysage politique allemand. Si la CDU/CSU ne pourra pas se satisfaire de ses 32,2%, l’AfD défie maintenant le SPD et ce, avec un succès surprenant. Les Verts, eux, se situent à 12,0%, Die Linke à 10,2% et le FDP à 9,2%. Si cette tendance devait se confirmer, nous pourrions alors considérer que nous assistons au crépuscule des dieux de la gauche. Autant en Allemagne qu’en France.

La social-démocratie est arrivée au point où elle doit se poser des questions. Visiblement, il ne suffit plus de remplacer des têtes, il faudra recentrer les thématiques portées sur le « fonds de commerce » de la gauche – justice sociale, politique de désarmement, relance de la conjoncture, combattre les inégalités et la précarité. En se limitant au rôle du « partenaire junior » d’une Angela Merkel ayant totalement disparu de l’actualité politique, le SPD est en train de se rendre obsolète. Andrea Nahles, la nouvelle chef du SPD, ne pourra pas changer cette tendance – deux tiers des sondés sont « mécontents » ou « très mécontents » du travail de Nahles.

Ses prédécesseurs, les Gabriel, Steinbrück, Schulz ou Steinmeier ont poussé le SPD vers une position peu confortable au centre-droit (où la concurrence est nombreuse et rude…) ; et ainsi, les anciens cadors du SPD ont ouvert une brèche à gauche. Cette brèche s’est rapidement transformée en vacuum que « Die Linke », contrairement à la « France insoumise », n’a pas su combler. Résultat : l’Allemagne n’a plus que des partis de droite – du centre-droit jusqu’à l’extrême-droite. Les Verts, le FDP, la CDU, la CSU et l’AfD font tous maintenant partie de cette catégorie « centre-droite à extrême-droite ». A gauche, il ne reste plus que le SPD et « Die Linke ».

Mais pourquoi les socio-démocrates européens peinent-ils tant à s’unir et à combattre le vrai adversaire politique ? Pendant que les différentes formations de la « gauche » se prennent la tête entre elles, les populistes de l’extrême-droite poursuivent leur montée.

Les élections européennes en 2019, prochaine grande consultation électorale, seront décisives pour l’avenir du SPD et du PS. Mais pour renouer avec le succès, il ne suffira pas de dire « nous avons fait d’excellentes choses, les électeurs et électrices ne nous ont pas compris » (une attitude qui ressemble à celle d’Henri Lecomte après sa cuisante défaite en finale de Roland Garros contre Mats Wilander…), il faudra une réorientation programmatique. Les électeurs et électrices attendent plus des partis de gauche que le simple soutien des gouvernements en place.

On veut une politique sociale, humaine et tournée vers l’avenir ? Alors, SPD et PS devraient savoir ce qu’il leur reste à faire…

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