L’Allemagne aussi…

Partout en Europe, la politique glisse peu à peu vers la Droite, vers des valeurs conservatrices, nationalistes, égoïstes, anti-européens. La CDU d’Angela Merkel s’y met aussi…

La CDU pousse Angela Merkel de plus en plus vers la droite - inquiétant. Foto: Euroean People's Party / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Le congrès de la CDU à Essen était destiné à rapprocher la chancelière et son parti – mais ça n’a pas fonctionné. Bien sûr, Angela Merkel a été reconduite pour deux années supplémentaires à la tête de son parti, bien sûr, elle est la candidate de la CDU pour les prochaines élections législatives et il faudrait qu’un miracle se produise pour qu’elle ne soit pas réélue pour un quatrième mandat comme chef du gouvernement allemand. Mais à Essen, on a clairement senti que l’histoire d’amour entre Angela Merkel et son parti est terminée – la CDU n’avait pas le choix.

89,5% des délégués ont voté pour Angela Merkel comme chef du parti et candidate aux élections législatives. Mais il ne faut pas oublier qu’elle était la seule candidate – aucun challenger ne s’était déclaré et il s’agissait du score le plus faible depuis qu’elle est chancelière. Son appel « vous devez m’aider maintenant ! » n’a pas été entendu – le congrès passait des motions que la chancelière rejette, comme l’abolition de la double nationalité demandé par la droite de la droite, votée contre le souhait explicite de la chancelière. Ou le plafonnement du nombre de réfugiés que l’Allemagne accueillera à l’avenir – un concept qui ne correspond pas à la vision de la chancelière qui avait beau marteler que « l’accueil des réfugiés sera un point d’honneur pour l’Allemagne dans les livres d’histoire » – Angela Merkel ne pèse plus sur son parti comme elle avait l’habitude de le faire.

Et cette CDU commet la même erreur que les conservateurs dans d’autres pays européens – elle se rapproche dangereusement des positions de l’extrême-droite, dans l’espoir de récupérer des votes, sans se rendre compte que cette glissade vers l’extrême-droite ne fait que crédibiliser les positions extrémistes de l’AfD.

La gauche allemande, quant à elle, commet la même erreur que la gauche française – au lieu de s’unir pour combattre cette glissade vers la droite, elle se limite au nombrilisme qui semble être le propre de toute la gauche européenne. Comme en France, environ 40% des Allemands sont prêts à voter pour un parti de « gauche », mais tant que SPD, Die Linke et les Verts n’arrivent pas à se mettre d’accord qu’il faut combattre cette tendance néonationaliste, la droite dure peut progresser à volonté. Et dire que SPD, Die Linke et Verts disposent d’une courte majorité mathématique au Bundestag, sans avoir même essayé de renverser la chancelière Angela Merkel…

Désormais, ce n’est plus Angela Merkel qui dicte sa politique à son parti, mais c’est la CDU qui lui dicte ce qu’elle doit faire. Si la chancelière a réussi pendant trois mandatures à écarter toute concurrence, elle est désormais isolée au sein de son propre parti. Il s’agit de son 9e et certainement dernier mandat à la tête de son parti – l’ère Merkel commence à toucher à sa fin. On pourrait penser que c’est une bonne nouvelle, mais il s’agit aussi du début d’une glissade de la politique allemande vers l’extrême-droite. Et on sait comment cela se termine outre-Rhin…

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