L’Allemagne déclarera le Kosovo et l’Albanie «pays d’origine sûr»

Pour faciliter l’expulsion de demandeurs d’asile en provenance de ces pays, l’Allemagne les déclare comme «pays d’origine sûr» - en fermant les yeux sur les réalités dans ces deux pays.

Non, nous ne sommes pas "tous des Roms" - l'Allemagne les refuse désormais en bloc. Foto: Maya-Anaïs Yataghène / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – La distinction entre les «réfugiés politiques» et les «réfugiés économiques» cause des drames humains. Et pourtant, en Europe, on persiste à distinguer entre ceux qui fuient les pressions politiques et religieux et ceux qui veulent venir en Europe pour fuir la faim, le manque de perspectives, la peur d’une situation de totale instabilité chez eux. Pour créer la base pour des expulsions rapides, l’Allemagne veut maintenant déclarer le Kosovo et l’Albanie comme «pays d’origine sûrs», ce qui rend l’attribution de l’asile impossible pour les ressortissants de ces deux pays. Le SPD, pendant longtemps opposé à cette démarche, finit par accepter.

Pour le chef des «DIE LINKE», Bernd Riexinger, le changement de position du SPD constitue une «capitulation» devant les conservateurs de la CDU. Une capitulation qui sera à la base de drames humains. Car la situation dans le Kosovo et en partie, en Albanie, est catastrophique pour les gens qui y vivent. Le premier groupe concerné sont les Roms, véritables parias dans les pays des Balkans, évoluant en dehors de tout système social et bouc-émissaire facile pour les populations locales. Mais les Roms ne sont pas les seuls à souffrir dans ces «pays d’origine sûrs» – le Kosovo et en partie, l’Albanie, sont entre les mains de «Warlords» locaux qui ont remplacé toute structure d’état et qui poursuivent des activités criminelles en tenant les populations locales sous une pression constante. Cela est bien connu, au point où la Suisse, pas exactement connue pour une politique d’immigration trop laxiste, accorde l’asile à environ un demandeur sur deux en provenance du Kosovo et de l’Albanie.

La CDU d’Angela Merkel travaille actuellement sur une proposition de loi qui cimentera à tout jamais cette distinction entre «demandeurs d’asile / réfugiés politique» et «immigrants» (donc ceux qui viendraient pour des raisons économiques». Mais ces «raisons économiques», c’est quoi ? Est-ce que le fait de ne pas pouvoir subvenir aux besoins de sa famille, faute de travail, faute de système social, faute de perspective réaliste, ne constitue pas une excellente raison pour chercher à survivre ailleurs ? Est-ce un crime de vouloir mettre ses enfants à l’abri de structures criminelles qui font tourner le trafic de drogue, de prostitués mineures et d’autres «marchandises» dans ces pays ?

Il est clair que les vagues de demandeurs d’asile qui déferlent en cette année 2015 sur les pays européens, surtout sur l’Allemagne, la Suède et l’Autriche qui sont les pays européens accueillant le plus grand nombre de demandeurs d’asile, posent problème. Lorsque l’on voit les campements de fortune où les villes allemandes accueillent actuellement les demandeurs d’asile, on comprend qu’il est urgent de trouver des solutions. Mais ces solutions ne peuvent pas consister à fermer les portes, à changer la législation pour pouvoir expulser plus facilement ceux qui cherchent à survivre chez nous.

La seule solution consiste à améliorer les conditions de vie dans les pays concernés. Non pas en étendant la politique d’austérité européenne, mais en soutenant la (ré-)construction de ces pays qui se réveillent après des décennies de régimes totalitaires.

Dans la situation actuelle où les partis traditionnels se rendent compte du nationalisme montant dans quasiment tous les pays européens, ils n’osent pas se démarquer en menant une politique humaniste et courageuse. Par conséquent, ils participent presque tous à la diabolisation des «réfugiés économiques», suggérant que ceux-ci viennent pour se la couler douce chez nous. Mais si nous voulons stopper ces flux de migration, nous devons intervenir dans les pays concernés. Ce qui, à la longue, risque d’être moins cher que le coût de l’accueil des demandeurs d’asile dans nos pays. Tout en assurant une vie plus digne et plus sûre dans les pays d’origine des demandeurs d’asile.

En ce qui concerne l’accueil des réfugiés arrivant des zones de guerre, comme la Syrie, l’Afghanistan et autres, il est évident que l’Europe doit reprendre la discussion sur les quotas – en répartissant les réfugiés sur l’ensemble des 28 états-membres de l’Union Européenne.

Pour le reste, Bernd Riexinger a raison – condamner des demandeurs d’asile en bloc, comme le font actuellement la CDU et le SPD, constitue une capitulation devant la violence dans la rue qui se dirige contre tous les étrangers. Se mettre à genou devant des extrémistes et xénophobes, n’a jamais engendré quoi que ce soit de positif. Cette fois, cela ne sera pas différent.

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