L’Allemagne – déjà en guerre en Ukraine ?

Une expertise du service scientifique du Bundestag explique que, selon le droit international, l’Allemagne serait déjà partie prenante dans la guerre en Ukraine.

La livraison de chars "Gepard" ne constitue pas un acte de guerre - la formation du personnel opérant, si. Foto: Derwatz at German Wikipedia / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – La question n’est pas anodine. Est-ce que l’Allemagne fait déjà partie des belligérants en Ukraine ? Si oui, cela pourrait avoir une incidence sur une éventuelle implication de l’OTAN dans cette guerre qui chaque jour, devient plus dangereuse. Selon une expertise du service scientifique du parlement allemand, le Bundestag, ce ne sont pas les livraisons d’armes qui feraient de l’Allemagne une partie prenante de cette guerre (à ce moment-là, tous les pays ayant livré et livrant des armes à l’Ukraine le seraient), mais c’est la formation de soldats et formateurs ukrainiens sur le sol allemand qui changerait la donne. Et cette formation a déjà commencé en Allemagne sur des systèmes d’armes américains et allemands. Donc, l’Allemagne serait déjà en guerre ?

Cette expertise a été réalisé au mois de Mars, donc, avant la décision du Bundestag de livrer des armes lourdes à l’Ukraine, armes qui nécessitent une formation du personnel les opérant, mais également de formateurs capables de former des soldats ukrainiens à leur tour. Selon le droit international, la livraison d’armes ne constitue donc pas encore une participation active à une guerre, mais la formation sur ces armes représenterait, toujours selon le droit international, une « opération de combat ». Sur 12 pages, cette expertise explique que strictu sensu, le fait de former des soldats ukrainiens en Allemagne ou en Ukraine, fait de l’Allemagne effectivement un pays partie pendante de cette guerre.

Hormis le fait que l’Allemagne a du rompre avec un principe sacré, à savoir de ne pas livrer des armes dans des zones de conflit, le service scientifique du Bundestag estime : « Dès lors il s’agit, outre de la livraison d’armes, de la formation du pays en conflit sur de telles armes, on quitterait le fond sûr d’une non-participation à la guerre ». Comprendre : livrer des armes est acceptable, former un pays en guerre sur l’utilisation de ces armes, est considérer comme un acte de guerre.

Si l’ambassadeur ukrainien en Allemagne, Sergeij Melnik, a déclaré « de toute façon, ça fait un moment que Poutine estime que l’Allemagne est en guerre avec la Russie », force est de constater que les implications pourraient être graves. Sommes-nous en train de fournir un prétexte à Poutine pour élargir cette terrible guerre sur toute l’Europe ? Est-ce que l’OTAN ne doit pas intervenir, considérant qu’un état-membre se trouve en guerre avec la Russie ?

Le droit international prévoit la possibilité de fournir de l’argent et des armes à un pays attaqué, mais toute autre action, donc aussi la formation sur ces armes, invalide la « neutralité ». Nous y sommes déjà.

Il semblerait que plus rien ne pourra arrêter cette escalade, mais il convient de souligner que plus personne n’essaye de stopper cette logique folle qui a mené le monde à deux reprises dans un carnage sans précédent. De toute manière, il faut croire que l’idée d’une guerre ne déplaît pas à tout le monde. Ainsi, une lettre ouverte signée par de nombreux artistes, intellectuels et d’autres personnalités allemandes, a déclenché un véritable « shitstorm ». On suivra donc sagement Selensky dans la IIIe Guerre Mondiale, tout en nous posant la question pourquoi la Russie et l’Ukraine s’entendent à merveille lorsqu’il s’agit des milliards du gaz et du pétrole, tout en s’entretuant par ailleurs. La réponse à la question, on l’aura sans doute plus tard, quand on aura, pour la troisième fois en 110 ans, sacrifié la jeunesse de nos pays.

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