L’Allemagne dit adieu au nucléaire, et ensuite ?

Ce samedi 15 avril, l’Allemagne a éteint ses trois derniers réacteurs nucléaires, un projet lancé il y a une vingtaine d’années. Mais cette nouvelle ère est controversée, d’autant plus que le pays reste dépendant de l’électricité issue en premier lieu des centrales à combustibles fossiles, comme le charbon notamment.

Une partie de l'avenir énergétique allemand se trouve dans des parcs d'éoliennes offshore. Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY 2.0

(Emma Kuhn) – C’est « la fin d’une époque », a déclaré le géant énergétique allemand RWE dans un communiqué. Une décision plus ou moins logique pour la majorité des Allemands : les dernières centrales encore en activité (Isar 2, Neckarwestheim II et Emsland) ne couvraient plus que 6% de la production d’électricité du pays en 2022. La sortie de l’Allemagne du nucléaire a d’ailleurs été retardée de quelques mois en raison de la guerre en Ukraine. Le pays étant bon client du gaz russe, la diminution de son approvisionnement n’a pas facilité la transition vers l’abandon total du nucléaire. Un abandon néanmoins contesté, cette énergie n’émettant que très peu de CO2, contrairement au charbon. Mais désormais, c’est définitivement chose faite, les Allemands devront alors se contenter des énergies renouvelables et des combustibles fossiles, qui constituent toujours la part la plus importante de la production d’électricité du pays.

Une démarche qui ne fait pas l’unanimité auprès des pays voisins. Rien d’étonnant ; le nucléaire étant, en France, la première source de production et de consommation d’électricité. Depuis quelques années, la politique énergétique fait l’objet d’une désunion dans le tandem franco-allemand. « Il va de soi que la relance de l’énergie fossile pour compenser la sortie du nucléaire ne va pas dans le sens de l’action climatique que nous portons tous collectivement au niveau européen », a indiqué le cabinet de la ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher. L’Allemagne irait-elle à contre-courant des objectifs de décarbonisation ?

Le véritable problème reste donc ce grand polluant, à la tête du mix énergétique allemand : le charbon. Malgré l’Accord de Paris de 2015 sur le climat, la production d’électricité dans les centrales thermiques est en augmentation depuis 2020. Et selon le Global Carbon Project, le charbon représente, au mois de novembre 2022, la principale source de pollution mondiale avec 15,1 Gt de CO2, soit un niveau record. L’Allemagne en est consciente. Au mois de janvier, son gouvernement avait confirmé l’extension de la mine exploitée par RWE à Lützerath, dans l’ouest du pays. « C’était nécessaire. Mais bien sûr que c’est un péché vis-à-vis de la politique climatique, et que nous devrions travailler à ce que cela dure le moins de temps possible », avait affirmé Robert Habeck, vice-chancelier et ministre fédéral de l’Économie et du Climat.

Le pays fait malgré tout preuve de bonne volonté en commençant à fermer, peu à peu, ses centrales à charbon au même titre que ses réacteurs nucléaires. Une démarche saluée par l’organisation internationale de protection de l’environnement Greenpeace. Mais alors, comment subvenir aux besoins énergétiques, en se passant à la fois du nucléaire, et en tentant de se sevrer également du charbon ? Pour cela, les Allemands misent sur les énergies renouvelables, qui se développent massivement. En ligne de mire : l’horizon 2030, pour la sortie du charbon comme source d’énergie dans le bassin rhénan et pour le renfort de la part du renouvelable dans le mix énergétique. Cette part devrait atteindre les 80%. Bien que ces énergies renouvelables, comme l’énergie éolienne par exemple, s’imposent de plus en plus en Allemagne, c’est une course contre la montre qui démarre si le pays souhaite tenir ses promesses vertes.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste