L’Allemagne divisée par les incidents de Cologne

De nombreux allemands pensent que la chancelière Angela Merkel soit indirectement responsable pour les incidents de Cologne. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – A la fin du Moyen Age, lorsque les missionnaires chrétiens cherchaient, par tous les moyens à christianiser le monde, des missionnaires partis en Amérique du Sud inventaient l’expression du «noble sauvage». A leurs yeux, les indigènes sur le continent américains, étaient d’une pureté spirituelle, d’une innocence parfaite, qu’ils devenaient la cible pour des efforts de christianisation intenses. Ceux qui ne voulaient pas en entendre parler de Jésus et de la Bible, se faisaient massacrer. Mais ça, c’est une autre histoire. Aujourd’hui, face aux incidents de Cologne, il convient de faire ses adieux à cette image du «noble sauvage» et d’analyser froidement ce qui s’est passé pendant cette nuit de la Saint Sylvestre qui a tourné au cauchemar pour les nombreuses femmes molestées sexuellement, menacées, volées par une foule d’environ 1000 hommes, majoritairement d’origine nord-africaine et arabe déchainés.

Ce week-end, des néonazis ont défilé à Cologne auxquels se sont joints des citoyens et citoyennes inquiets, et cette évolution est dangereuse. Il était évident que l’extrême-droite xénophobe et néonazie allait tenter de profiter de ces incidents qui pour l’instant, ne sont pas du tout élucidés. De nombreuses théories de complot circulent, partant de la crainte qu’il s’agissait d’une opération concertée par le Daesh jusqu’à la théorie que l’extrême-droite ait pu organiser ces incidents pour pouvoir en profiter par la suite. Mais force est de constater que la police et la justice sont toujours en train de tenter de comprendre ce qui s’est réellement passé.

Les partis conservateurs demandent maintenant un durcissement de la législation concernant les étrangers, des procédures d’expulsion facilitées et accélérées. Mais est-ce que cela pourrait empêcher ce genre d’incident ? Non, car il s’agissait tout simplement de criminels et comme dans toute communauté, il y a les gens sympathiques et les salauds. En toute occurrence, la nuit de la Saint Sylvestre à Cologne (et dans d’autres villes), c’étaient les salauds qui se sont regroupés pour molester et attaquer les femmes. «Il faut faire comprendre nos règles de société aux immigrés et demandeurs d’asile», demande la politique, mais si ce postulat part d’un bon sentiment, il passe également à côté des réalités. Car ce qui s’est passé pendant cette nuit, est interdit dans toutes les civilisations, par toutes les religions. Aucun des criminels de Cologne n’était la «victime» d’un code culturel différent du sien («ah bon ? je croyais qu’en Allemagne, la chasse à la femelle était autorisée…») – dans leurs pays d’origine, ces criminels auraient probablement été lapidés pour ces actes.

Il n’est donc pas nécessaire de creuser davantage le clivage entre les populations européennes et les réfugiés arrivant des pays musulmans – mais il convient de pousser l’enquête sur les incidents jusqu’au bout et de punir les responsables dans le cadre de tous ce que la loi permet.

Toutefois, on se demande aussi à quoi servent tous les dispositifs de surveillance dans nos villes. A Cologne, à Hambourg, à Francfort, toute la ville est sous vidéosurveillance, mais les forces de l’ordre n’ont pas su intervenir rapidement lorsque la situation dégénérait. A quoi bon, alors, de surveiller nos villes. Même l’analyse des images vidéo ne permet pas d’identifier les criminels pour les traduire devant la justice – il faudra donc revoir les stratégies de la police.

Mais surtout et avant tout, il convient maintenant de contrer les néonazis qui, suite aux incidents, ont le vent en poupe, en Allemagne comme ailleurs. L’Allemagne et l’Europe ne doivent pas céder à la panique qui s’installe de plus en plus – le seul moyen pour assurer un vivre-ensemble entre les différentes communautés, est l’intégration qu’il faut soutenir par tous les moyens. Ce qui ne doit pas empêcher une punition exemplaire des criminels qui ont semé la peur et la panique la nuit de la Saint Sylvestre.