L’Allemagne en route vers une « République de Weimar 2.0 » ?
35 listes ont été autorisées à participer à l'élection européenne le 9 juin et puisque l'Allemagne n'applique pas le seuil de 5% à cette élection, le pays enverra un sacré « patchwork » au Parlement européen.
(KL) – Vu de l’extérieur, la politique allemande est beaucoup moins excitante qu’en France où ça « pète » sans arrêt. On pourrait avoir l’impression que la politique en Allemagne serait un long fleuve tranquille, mais cette impression est trompeuse. La coalition au pouvoir à Berlin (SPD, Verts, FDP) est plus que fragile et rejetée par les Allemands comme la « macronie » en France et le fait que 35 listes soient en lice pour l’élection européenne, n’est pas un bon signe non plus. Au contraire, cette évolution fait penser aux années de la « République de Weimar » et son chaos politique et tout le monde sait par quoi cette « Republique de Weimar » s’est soldée – par l’accession au pouvoir des national-socialistes et Adolf Hitler.
Lors de l’élection européenne, l’Allemagne risque d’envoyer un véritable « patchwork » au Parlement européen à Strasbourg. Si les sondages indiquent que les partis traditionnels essuieront, comme en France, un échec cuisant, cette élection européenne donne un avant-goût des élections législatives en 2025 en Allemagne. Comme du temps de la « République de Weimar », on risque d’avoir un nombre surprenant de petits partis au parlement et former une coalition gouvernementale deviendra de plus en plus difficile, donnant lieu à des compromis politiques qui rendront le pays quasiment ingouvernable.
Parmi les 35 partis autorisés à se présenter à l’élection européenne, on trouve des formations politiques dont personne n’a jamais entendu parler. Les nouveaux partis comme le « BSW » ou la filiale de l’AKP d’Erdogan, « DAVA », font déjà partie des formations relativement connus, tout comme le Parti Animaliste ou « Die Partei » du comédien Martin Sonneborn qui lui, est quasiment assuré de retrouver son siège strasbourgeois. D’autre groupes sont beaucoup moins connus et certains, font froid dans le dos.
Ainsi, on s’étonne que le groupuscule nationaliste « Die Heimat » peut se présenter, tandis que d’autres partis font plutôt sourire, tout en ayant une chance réelle de pouvoir envoyer un ou une député(e) au Parlement européen, comme le parti des végans (V-Partei) ou le « Parti des Humanistes », pour ne citer qu’eux. Vous trouverez la liste complète des partis participant au scrutin du 9 juin SOUS CE LIEN. Mais ce « patchwork » représente en même temps un danger politique.
Aujourd’hui, l’Allemagne constate l’impossibilité d’une coalition de trois partis de diriger le pays sereinement. Ensemble, le SPD, les Verts et le FDP ne totalisent plus que 30% dans les sondages et en particulier les Verts et le FDP, se bloquent presque systématiquement dans les dossiers politiques, faisant preuve d’une incompatibilité absolue. Si cette tendance devait se confirmer l’année prochaine à l’élection législative, la formation du prochain gouvernement allemand sera plus que difficile, à moins que les conservateurs de la CDU se mettent à travailler avec l’AfD.
La suite, on la connaît. L’instabilité politique engendre, un moment donné, l’appel de « l’homme fort » – dans l’impossibilité de former des gouvernements stables, on crée les fondements du fascisme. Pendant des décennies, des scientifiques ont travaillé pour comprendre la gestation du fascisme – et maintenant, on refait les mêmes erreurs qu’au siècle dernier. L’Allemagne, partenaire européen depuis la IIe Guerre Mondiale, risque de devenir, une fois de plus, un élément à surveiller en Europe. A croire que l’Humanité est bête de faire et de refaire toujours les mêmes erreurs.
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