L’Allemagne ferme la frontière !

Dès ce matin, l'Allemagne fermera ses frontières avec l'Autriche, la Suisse et – la France. Les prochaines semaines seront très difficiles pour le Rhin Supérieur.

Hier après-midi, la police allemande de Kehl a déjà préparé la fermeture de la frontière qui intervient aujourd'hui. Foto: Eurojournalist.eu / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Les chiffres du coronavirus explosent, et de plus en plus de pays ferment leurs frontières, comme si cela pouvait arrêter la circulation du virus. Hormis le fait que ce virus se trouve déjà partout et ne pourra plus être endigué par de telles mesures, les autorités espèrent pouvoir au moins en ralentir la propagation. Dans quelques semaines, on en saura plus.

Les informations concernant la fermeture de la frontière entre la France et l’Allemagne précisent toutefois que les frontaliers pourront toujours passer après contrôle, tout comme des transports de marchandises. Mais cela veut dire quoi ? Déjà on « recommande » aux entreprises dans la région frontalière « d’inviter » leurs salariés alsaciens à ne plus venir au travail et de rester à domicile jusqu’à nouvel ordre ; donc, qui seront ces frontaliers que l’on autorisera encore à passer ? Et considérant le chaos qui sera déclenché par cette fermeture de la frontière, il est difficile à imaginer que même les plus tenaces des frontaliers puissent arriver au travail sans accuser des heures de retard.

Comme pour les mesures déjà prises ces derniers jours, il semblerait qu’aucune concertation n’ait eu lieu entre les autorités allemandes et françaises. Selon le leitmotiv « chacun pour soi », les Etats prennent des décisions qui affectent gravement la vie des gens dans les pays voisins, et ce, sans se concerter sur une démarche commune – il faut croire que l’Europe n’existe que lorsqu’il s’agit d’offrir des milliards aux banques. Dès qu’il s’agit d’un problème qui touche les 500 millions d’Européens et Européennes, l’Union est aux abonnés absents. Lorsque cette crise sera derrière nous, il faudra revoir et moderniser le fonctionnement de tous nos systèmes – sociaux, de santé, les relations internationales, le fonctionnement interne de nos pays et de l’Union Européenne.

La fermeture des frontières un peu partout en Europe est la négation de l’Espace Schengen, le déni d’une véritable union européenne. A nous tous de refuser ce repli vers un nationalisme peureux et peu constructif, à nous de refuser cette haine de l’Autre que l’on essaye de nous faire avaler.

Ce coronavirus ne fait pas les choses à moitié – mais il nous oblige aussi à penser à « l’après-corona » et à changer les choses qui déjà aujourd’hui, ne fonctionnent pas. Qui sait, peut-être, dans quelques années, parlera-t-on de cette crise du coronavirus comme de l’élément qui aura finalement permis la construction d’une nouvelle Europe, plus humaine et plus efficace. Il serait temps, car ces jours-ci, on voit que l’Union Européenne dans son état actuel, personne n’en a vraiment besoin. Quand on pense que l’une des réactions à cette crise sanitaire est d’injecter encore une fois des sommes faramineuses dans les banques au lieu d’investir cet argent dans le sauvetage de vies humaines, on comprend que cette remise en question sera une nécessité. Une fois le virus vaincu. D’ici là, portez-vous bien, sur les deux rives du Rhin.

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