L’Allemagne peut refuser le minimum social aux immigrés

La Cour Européenne a rendu un verdict permettant à l’Allemagne de refuser de payer le minimum social (Hartz IV) aux immigrés arrivant d’autres pays de l’UE.

C'est ici à la Cour Européenne que l'Allemagne a fermé la porte aux immigrés venant de pays européens moins fortunés. Foto: Zairon / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Le climat social en Europe se refroidit de plus en plus. Au lieu d’harmoniser vers les standards les plus élevés, on fait exactement le contraire – on corrige les standards sociaux vers le bas. Première victime – la solidarité européenne.

Mardi, la Cour Européenne au Luxembourg a donné raison à l’Allemagne qui ne voulait pas payer son minimum social (Hartz IV) à une immigrée roumaine, arguant que celle-ci ne cherchait pas du travail. Dans son verdict, la cour estime qu’il est possible d’exclure des personnes des systèmes sociaux si celles-ci «ne viennent que pour profiter des aides sociales d’un autre état-membre, malgré le fait qu’elles ne disposent pas de fonds nécessaires pour subvenir à leur besoins». Hm. Exit la liberté des personnes et la liberté de choisir son lieu de résidence et de travail au sein de l’UE. Les populistes jubilent.

La distinction entre «bons» et «mauvais » immigrants n’est non seulement cynique, mais également néfaste pour l‘idée européenne. Dans les faits, ce verdict interdit la migration sociale, pénalisant par ce biais les ressortissants de pays européens plus pauvres. Le clivage entre pays du Nord et pays du Sud ne cesse de se creuser, même à l’intérieur de l’Union Européenne.

La mentalité qui se cache derrière ce genre de verdict est la même qui motive nos responsables politiques d’investir de grandes sommes pour empêcher les flux de migration depuis l’Afrique et l’Asie. Il convient de revoir notre politique de réfugiés – des conditions de vie insupportables sont une raison aussi valable pour quitter son pays que des représailles politiques ou la guerre. Car la pauvreté dans les pays moins riches est une conséquence directe du fait que chez nous, ça va mieux. Pénaliser des gens parce qu’ils sont pauvres, c’est une attitude des plus abjectes.

Si la Cour Européenne oblige l’Allemagne d’apprécier chaque cas individuellement, i lest fort à craindre que ce nouveau verdict puisse contribuer à compliquer encore l’Europe. Il n’y a pas de «bons» et de «mauvais» Européens – nous sommes tous Européens et il est grand temps que nous affichions une solidarité qui dépasserait le strict minimum.

Dans le cas traité devant la cour, la jeune femme avait refusé d’accepter certaines offres d’emploi de l’Agence pour l’Emploi, motivant ainsi le refus de toute aide sociale. Il aurait fallu y penser avant d’opérer les dernières extensions de l’Europe – exclure maintenant les ressortissants roumains, bulgares ou grecs ne favorise pas l‘émergence d’un sentiment européen positif.

Au lieu d’injecter sans arrêt des sommes faramineuses dans un secteur financier corrompu, on ferait mieux d’investir davantage dans une harmonisation sociale en Europe. Car ce ne sont pas les banques, mais les hommes et les femmes qui font l’Europe. Ce que nous avons tendance à oublier.

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