L’Allemagne se dirige aussi vers la droite

Selon un sondage actuel, les xénophobes de l’AfD continuent leur ascension et pointent maintenant au même niveau que les Verts et Die Linke. Les chiffres.

Frauke Petry, la patronne de l'AfD, rêve de devenir la "Marine Le Pen allemande". Faut croire que ça fonctionne. Foto: blu-news.org / Wikimedia Commons / CC-SA 2.0

(KL) – L’année 2015 aura été marquée par une montée d’un nationalisme malsain dans la plupart des pays européens. Au mois de décembre, seul un sursaut de l’électorat français a pu empêcher une percée du Front National, les populistes néo-nationalistes se sont imposés dans des pays comme le Danemark, la Pologne et d’autres. Cette tendance vers l’extrême-droite commence aussi à se dessiner en Allemagne – l’AfD a rejoint dans les sondages les Verts et Die Linke. Ce qui n’est pas de bon augure pour l’année qui commence.

L’été dernier, l’AfD («Alternative für Deutschland») avait pris un virage vers l’extrême-droite, lorsque Frauke Petry avait réussi à faire éjecter du parti, son fondateur Bernd Lucke qui lui, se situe loin du discours populiste et de haine de Petry. Mais le mal était fait et l’AfD se positionne, surtout dans les Länder de l’est de l’Allemagne, comme une sorte de bras parlementaire du mouvement «Pegida» qui continue à manifester contre les étrangers, brandissant des drapeaux allemands et s’attaquant aux journalistes. Dans un sondage effectué par l’Institut Emnid, l’AfD est solidement créditée de 9% des intentions de vote, tout comme les Verts et Die Linke – l’extrême-droite allemande a de fortes chances d’entrer autant dans les parlements régionaux qu’au Bundestag en 2017.

La CDU d’Angela Merkel reste en dessous des 40%, sans être réellement inquiétée avec les 39% qu’elle totaliserait actuellement. Le SPD, lui, perd un point et se situe actuellement à 24%, tandis que les libéraux du FDP retombent sous la barre fatidique des 5% qui sont nécessaires pour entrer dans les différents parlements allemands.

Bien entendu, l’AfD fait toujours partie des «petits partis», mais il convient de lire les tendances. L’Allemagne, tout comme la France, glisse doucement, mais sûrement vers la droite et la raison principale pour cette évolution sont les discours du monde politique. Bien sûr, il y a la peur des attentats, mais là, les électeurs se trompent – l‘extrême-droite ne saura en rien déjouer ce danger, au contraire, elle ne peut que creuser les clivages dans la société, ce qui ne pourra par apaiser les sociétés, ni en France, ni en Allemagne. Pour l’instant, aucun parti de l’extrême-droite en Europe n’a pu présenter un concept contre le terrorisme et ce ne sont pas les paroles populistes qui ont le potentiel de résoudre les problèmes à l’échelle mondiale qui conduisent à l’extrémisme, au fanatisme et donc au terrorisme.

Récemment, un autre sondage montrait que 48% des allemands estiment que la chancelière Angela Merkel ne soit «pas assez à droite», ce qui peut surprendre – car Angela Merkel incarne depuis 10 ans «la droite», une droit «impitoyable» par sa politique d’austérité, et maintenant, elle n’est «pas assez à droite» ?!

Comme dans les années 30 du siècle dernier, c’est la peur qui pousse les électeurs dans les bras des extrémistes. En 2016, il n’y a que peu de chances à ce que la raison puisse s’imposer – les néo-nationalistes continueront leur ascension un peu partout et l’Europe ne se réveillera que lorsqu’il sera trop tard.

La gauche européenne, sauf dans des pays du sud comme la Grèce, le Portugal et l’Espagne commet une erreur historique. Au lieu de faire bloc contre ces tendances néo-nationalistes en y opposant une approche européenne et positive, elle se fractionne dans ses courants et sensibilités et perd chaque jour un peu plus de son importance. En 2016, il faudra que la gauche se décide de combattre enfin le véritable danger politique qui nous guette en Europe – et si les partis de la gauche n’en sont pas capables, ils ne devraient pas s’étonner d’assister à l’émergence d’un nouveau parti de la gauche qui lui, s’adresserait à l’ensemble des électeurs frustrés par ce manque de solidarité politique qu’affiche la gauche et qui a permis la montée de formations dangereuses pour les démocraties en Europe. Les pays du sud de l’Europe apportent actuellement la preuve que c’est possible.

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