L’Allemagne se met à la chasse des néo-nazis violents

Le ministre de l'intérieur Horst Seehofer a présenté un catalogue de mesure pour traquer les 12 000 néo-nazis potentiellement violents – y compris dans les administrations.

L'extrême-droite violente en Allemagne est bien plus dangereuse que dans d'autres pays... Foto: Bundesarchiv, Bild 183-1990-0115-032 / Kluge, Wolfgang / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Dans un accès de lucidité surprenante, le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer a exposé devant la presse son plan pour combattre les extrémistes de droite potentiellement violents en Allemagne : « On aurait dû accorder cette priorité à la lutte contre l’extrémisme de droite plus tôt, ça aussi, ça fait partie de la vérité ». Considérant qu’en une année, le nombre d’extrémistes de droite potentiellement violents a augmenté d’environ 30%, il était effectivement urgent d’agir.

Que ce soit l’assassinat du sous-préfet Walter Lübcke par un néo-nazi à Kassel, l’attentat antisémite à la synagogue de Halle, ou le rapport des services secrets qui fait état de 12000 extrémistes de droite potentiellement violents – l’extrémisme de droite en Allemagne est devenu un vrai fléau. Depuis que la « Pegida » a commencé à porter les idées extrémistes de l’AfD dans la rue, le nombre d’attaques violentes ne cesse d’augmenter. Pour combattre cette évolution inquiétante, Horst Seehofer a élaboré un catalogue de mesures qui surprend – car il s’attaque également aux éléments extrémistes à l’intérieur des administrations, des forces de l’ordre et de l’armée.

Dans un premier temps, le ministre de l’intérieur créera 600 nouveaux postes au sein de la police et des services secrets dédiés à cette lutte contre l’extrémisme de droite. Leur mission consistera, entre autres, à surveiller les « actes de propagande », surtout dans les réseaux sociaux, où les extrémistes tentent de créer un climat de haine et de peur, tout comme ils le font déjà aujourd’hui dans la rue. De plus, un système appelé « Radar-rechts » (« Radar droite ») devrait contribuer à identifier des extrémistes violents selon 70 critères. Initialement développé par l’Université de Constance pour identifier des extrémistes islamistes, ce système devrait permettre d’identifier des extrémistes néonazis potentiellement dangereux pour pouvoir les surveiller de plus près. Très intéressant : un service spécial surveillera les agissements extrémistes au sein même des administrations qui elles, souvent, n’affichent pas vraiment de zèle lorsqu’il s’agit de poursuivre des actes criminels commis par l’extrême-droite.

Le fait que des extrémistes néo-nationalistes sévissent également au sein des administrations s’est confirmé dans le cadre du procès contre le groupe terroriste néo-nazi « NSU » : pendant le procès, le rôle actif des services secrets dans la série de 10 meurtres racistes n’a pas pu être élucidé, les fonctionnaires aux rôles peu clairs étaient interdits de déposer, pour des raisons de « sécurité d’Etat ». Pourtant, il est établi que les services secrets avaient fourni une aide logistique à ce groupe de terroristes et que lors d’un des meurtres, un agent des services secrets lié à ce groupe se trouvait sur les lieux du crime.

Mieux vaut tard que jamais. Le gouvernement allemand a enfin pris la mesure du danger émanant de cette extrême-droite allemande qui est, comparée à d’autres mouvements d’extrême-droite en Europe, beaucoup plus violente et dangereuse. Déjà, l’annonce de ces mesures a fait couler beaucoup d’encre en Allemagne et ainsi, a contribué à une prise de conscience collective. Il serait souhaitable que le fléau de cet extrémisme violent puisse ainsi être endigué. La première bonne résolution du gouvernement allemand pour 2020 !

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