L’Allemagne se met hors-jeu

Angela Merkel bat en retraite, la politique allemande se trouve en paralysie totale, rien ne va plus sur le plan européen. Il serait grand temps que la chancelière laisse la place à ses successeurs.

Those were the happy days, but it's over now... Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Non, la politique en Allemagne ne se porte pas très bien. Les partis au pouvoir à Berlin se prennent rouste sur rouste, et dans cette insécurité politique, la léthargie allemande se traduit également au niveau européen. Les dossiers épineux s’accumulent, et les 28 Etats-membres (et prochainement 27, à moins que la Grande Bretagne retrouve le chemin vers la démocratie) n’arrivent plus à s’accorder sur le moindre sujet important. Personne ne travaille sérieusement sur un nouveau projet européen et les évolutions récentes ne sont pas de nature à donner « envie d’Europe ». Et Angela Merkel, tel un dinosaure, bloque la suite en s’agrippant à son poste qu’elle a déjà déclaré vouloir quitter.

Le retrait annoncé d’Angela Merkel, suite aux déconfitures électorales récentes, bloque maintenant autant la politique allemande qu’européenne. La « femme forte de l’Europe » des dernières années ne pèse plus sur rien – ni sur la suite de la politique en Allemagne, ni sur la politique européenne. Et cela pose problème.

En Allemagne, Angela Merkel a précipité son parti, la CDU, déjà secoué par les dernières élections, dans une crise existentielle. La deuxième ligne de la direction du parti est entrée dans une bataille sans merci ; de nombreux candidats à la succession d’Angela Merkel à la tête de la CDU se sont déjà déclarés, et les conservateurs entrent dans le même nombrilisme qui a déjà occasionné la dégringolade du SPD, son allié et adversaire de toujours. Visiblement, l’un des grands problèmes des partis jadis appelés « partis populaires » est qu’ils ne comprennent pas que les électeurs et électrices se fichent pas mal des combats de paons à l’intérieur des appareils rigides des partis. Pourtant, ce ne sont pas les avertissements des électeurs et électrices qui manquent…

Cette paralysie de la politique allemande se traduit malheureusement aussi par une quasi-absence de l’Allemagne dans les dossiers politiques en cours. Dans la configuration européenne actuelle, aucun de ces grands dossiers ne pourra avancer sans l’aval de l’Allemagne, et l’Allemagne politique est aux abonnés absents. A quelques mois des élections européennes, il est évident que l’Union Européenne ne pourra pas continuer ainsi.

Pour éviter que les choses n’empirent, il faut que la chancelière réagisse immédiatement. Les problèmes européens attendent : le bras-de-fer entre l’Italie qui n’entend pas renoncer à son budget et l’ensemble des Etats européens, le « Brexit » pour lequel il s’agit d’éviter le pire, ou encore les questions « habituelles » comme la migration, les changements climatiques ou la sécurité – l’Europe ne peut pas attendre qu’Angela Merkel se décide enfin de se retirer pour de bon pour calmer la situation politique en Allemagne.

Angela Merkel a annoncé son retrait par paliers, histoire de garder la main sur les opérations. Toutefois, elle s’est abstenue de désigner son successeur et surtout, elle n’a pas précisé un calendrier. Donc, elle est toujours là, sans être réellement là. Et cette situation est pire que celle d’avant.

Avec son expérience de trois mandats à la tête du gouvernement allemand, Angela Merkel devrait savoir que l’Histoire n’attend pas. Après avoir annoncé son retrait, il ne lui reste plus qu’à le consommer et à ouvrir enfin la voie à un retour vers une situation sereine. Ni l’Allemagne, ni l’Europe ne peuvent attendre qu’Angela Merkel se décide enfin à faire ce qu’elle a annoncé : qu’elle prenne sa retraite et qu’elle permette à son pays et à l’Europe de retrouver la voie vers l’action politique.

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