L’Allemagne se poudre le nez
En 2017, les douanes allemandes ont saisi une quantité record de cocaïne. Environ 7 tonnes ont été trouvées lors des contrôles, mais cette saisie record ne signifie pas pour autant que la lutte contre les drogues dures pourra être gagnée.
(KL) – Les douanes et la police allemande saisissent des quantités de cocaïne de plus en plus importantes. Les quelques 7 tonnes saisies en 2017 représentent un record pour l’Allemagne, mais, comme l’expliquent les responsables des douanes allemandes, cela ne veut pas dire que le marché soit asséché par ces saisies. Au contraire, la cocaïne s’est popularisée et n’est plus une « drogue glamour » consommée par les vedettes du show-business ou les personnes fortunées. Les pays producteurs, en première ligne la Colombie et la Bolivie, ont augmenté la production et inondent les marchés internationaux avec des quantités croissantes.
Les saisies allemandes confirment la tendance mondiale : les experts estiment que la quantité saisie au niveau mondial de 582 tonnes en 2016 pourra encore être dépassée en 2017. Selon les experts, les cartels sud-américains ont changé leur stratégie : au lieu de limiter l’offre pour maintenir les prix à un niveau élevé, ils ont augmenté la production pour « créer la demande par une offre omniprésente », même si cela entraîne une baisse des prix.
On imagine le volume mondial du marché international de la cocaïne. Si ce « secteur d’activité » peut supporter des saisies de l’ordre de 600 tonnes, cela implique que le marché est au moins 10 fois supérieur. « J’aimerais bien pouvoir dire que nous avons porté un coup dur aux cartels », explique un responsable des douanes à Hambourg, ville dont le port représente, avec Rotterdam et Anvers, le point d’entrée principal de la poudre blanche en Europe. « Mais ce n’est pas le cas ; il faut comprendre que lors de nos contrôles aléatoires, nous ne pouvons contrôler qu’un infime pourcentage de tous les containeurs qui transitent par le port ».
Mais que faire face à ce fléau des drogues dures ? De nombreux pays montrent la voie en légalisant les « drogues douces ». Non seulement la légalisation met un terme aux poursuites de nombreux consommateurs de « drogues douces », mais elle sépare les « scènes ». La légalisation du cannabis, a ainsi éloigné ses consommateurs des dealers de drogues dures, alors que la prohibition de toutes les drogues met le fumeur d’un joint de marijuana au même niveau qu’un « junkie » et le soumet aux mêmes tentations de drogues dures.
Les chiffres montrent clairement que la cocaïne a le vent en poupe en Europe et on se demande comment il est possible que les producteurs dans les pays d’origine augmentent à ce point leur production. La Colombie et la Bolivie font partie de programmes de reconversion de terres agricoles supposés remplacer la culture de la coca par d’autres plantes. Dans ces pays, la DEA (administration de la lutte anti-drogue américaine) est très présente sur le terrain et coopère avec les autorités locales, mais visiblement sans résultats tangibles. Si ces programmes n’aboutissent qu’à une augmentation de la production de drogue, il est temps de reconsidérer les stratégies de lutte anti-drogue.
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