L’Allemagne s’intéresse aux élections départementales

Rarement, les voisins outre-Rhin se sont autant intéressés à un scrutin local en France. La signification de ces élections pour la France et l’Europe n’échappe à personne.

L'Allemagne a du mal à croire que Nicolas Sarkozy soit le seul en France capable de barrer la route à Marine Le Pen. Foto: Christophe Grébert / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Les Allemands se frottent les yeux. Nicolas Sarkozy, le grand vainqueur du premier tour des élections départementales en France ? Mais est-ce que le bonhomme n’était pas sorti de la politique pour se la couler douce avec Carla Bruni ? Etonnant. Mais l’intérêt des Allemands pour un scrutin franco-français et de surcroît local, provient surtout de la crainte de voir arriver Marine Le Pen au pouvoir en 2017. Et dans les médias allemands, un certain soulagement s’installe face au résultat du Front National qui se situe assez largement en-dessous de ce que les sondages avaient prévu.

Mais le choix entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen qui se dessine pour 2017, rappelle aux Allemands le choix qu’ils avaient en 2013, lorsqu’ils avaient à trancher entre Angela Merkel et Peer Steinbrück – une élection qui s’est terminé par la victoire de celle que les Allemands considéraient alors comme le «moindre mal».

Marine Le Pen n’a pas la côte en Allemagne – son discours fait trop penser à l’Allemagne des années 30, à la prise du pouvoir démocratique du NSDAP et les déclarations du fondateur du FN, Jean-Marie Le Pen, en particulier ses remarques concernant les «détails de l’histoire», ne sont pas de nature à rassurer les Allemands. Par contre, le fait que ce soit Nicolas Sarkozy qui doit faire barrage à cette montée de l’extrême-droite, est difficile à comprendre. Les commentateurs des grands médias ne savent plus sur quel pied danser – est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Comment s’expliquer la dégringolade de Manuel Valls ? Pourquoi était-il nécessaire d’organiser ces élections sans que l’on connaisse les compétences des nouveaux élus, en pleine réforme territoriale ?

Si les Allemands ont du mal à comprendre les rouages de la politique française, ils savent qu’il serait difficile ou même impossible de travailler avec une Marine Le Pen qui veut sortir la France de l’UE et de l’euro, mais en même temps, on se souvient du «tandem Merkozy» qui lui non plus, n’a pas réussi à donner de vraies impulsions à la coopération franco-allemande.

Manuel Valls s’est trompé en déclarant que ces élections départementales avaient une valeur nationale – elles ont une signification européenne. Pendant que la Grèce vire à gauche, la France vire à droite et cette évolution vers les extrêmes inquiète les Allemands qui aiment la stabilité politique par-dessus tout.

Dimanche prochain, les grands médias allemands suivront attentivement le deuxième tour, même si ce deuxième tour ne risque pas d’apporter de grandes surprises. La France a glissé vers la droite et l’idée de voir réapparaître Nicolas Sarkozy ne rassure pas grand monde. Ni en Allemagne, ni en Europe. On se souvient trop bien du bonhomme…

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste