L’Allemagne sur les traces de la France…

… mais avec un autre calendrier. Les mesures qui feront mal, n’y entreront en vigueur qu’après les élections législatives. Pour ne pas froisser les électeurs…

Angela Merkel et Markus Söder doivent attendre l'élection du 26 septembre, avant de pouvoir serrer la vis aux non-vaccinés... Foto: European People's Party / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – En Allemagne, la discussion autour des vaccinations ressemble à celle en France, à deux (grandes) différences près : le calendrier et la tonalité. Le gouvernement allemand vient de décider, comme en France, de rendre les tests Covid payants – mais seulement à partir du 11 octobre. Car le 26 septembre, les Allemands sont appelés aux urnes pour élire un nouveau gouvernement et le gouvernement sortant ne tient pas à ce qu’on lui attribue, comme dernière mesure avant les élections, ces nouvelles restrictions. Surtout dans la mesure où de nombreux experts estiment que, par exemple, la fin des tests gratuits mènera à de très nombreux nouveaux cas qui ne seront pas détectés et contribueront ainsi, à la diffusion du virus.

Mais la chancelière Angela Merkel et le ministre-président de la Bavière Markus Söder souhaitent même décréter des « restrictions des libertés pour les non-vaccinés ». Bien sûr, si on veut transformer les personnes non-vaccinées en bouc-émissaires de la pandémie, une punition serait la bienvenue. Qui dit punition, dit culpabilité. C’est commode, car du coup, plus aucun gouvernement ne doit répondre de sa gestion de la crise, les coupables seront désormais clairement désignés : les non-vaccinés.

L’Allemagne compte parmi les derniers pays en Europe qui maintient (encore) la gratuité des tests. Si l’Europe s’est montrée incapable de développer une stratégie commune contre le virus, les états européens affichent une grande harmonie lorsqu’il s’agit de désigner le bouc émissaire pour tout – les non-vaccinés.

Les réactions à ces annonces sont beaucoup moins virulentes en Allemagne qu’en France. Cela n’est pas une question de mentalité, mais du timing. En France, les nouvelles mesures sont déjà en vigueur et on serre la vis à une grande vitesse. L’Allemagne, elle, ne fera gober la pilule à la population qu’après les élections. Pourtant, l’objectif n’est même plus l’immunité collective, l’objectif déclaré d’Angela Merkel, est d’arriver à « bien plus de 70 à 80% » de personnes vaccinées deux fois. Donc, l’Allemagne a déjà admis qu’une immunité collective ne peut pas être atteinte. Mais d’où vient donc cette envie de brimer, de réprimer et de punir ?

La violence qu’affichent aujourd’hui les états pour forcer les populations à se faire vacciner, génèrera de nouvelles violences. Qu’on le veuille ou non, il y a un pourcentage de la population qui ne veut pas se faire vacciner, surtout après que les slogans comme « protégez les autres » se sont avérés faux – puisque les personnes vaccinées peuvent toujours contracter le virus et le diffuser.

Si les vaccins peuvent réduire les formes graves de la Covid, la vaccination est, à titre individuel, une bonne chose. En évitant à l’individu des formes graves de la maladie, elle allègera la situation dans les hôpitaux, elle évitera des situations comme en Martinique où les docteurs doivent maintenant prioriser les malades qu’ils traitent. Donc, la vaccination peut, dans la plupart des cas, protéger l’individu, sans pour autant empêcher qu’une personne vaccinée continue à infecter d’autres. Si cela ne correspond pas à ce qu’on nous avait promis en début des campagnes de vaccinations, il convient aussi de se poser la question si ces éternels mensonges autour de quasiment tous les aspects de cette pandémie, n’aient pas contribué à la réticence de nombreuses personnes qui ne veulent pas se faire vacciner.

Une communication plus responsable aurait certainement un impact plus positif sur les personnes qui hésitent de se faire vacciner. Des mensonges et des menaces ne constituent pas exactement des stratégies pour convaincre. Si aujourd’hui, Merkel et Söder discutent ouvertement la possibilité de réconfiner les personnes non-vaccinées, on dépasse à nouveau une ligne rouge. Mais on la dépassera seulement en date du 11 octobre. Car avant, on veut encore obtenir les votes des personnes que l’on souhaite enfermer après les élections du 26 septembre. Mais est-ce que les personnes non-vaccinées risquent vraiment de voter pour ceux qui vont les séquestrer à nouveau quelques jours après ?

En tout cas, la gestion de cette pandémie est malheureusement plus politique que médicale. Si elle était médicale, on aurait déjà depuis longtemps, harmonisé les mesures sanitaires à l’échelle européenne. Chose qui n’a même pas été discutée, car – tout est politique.

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