L’Allemagne titube vers la guerre en Ukraine

Olaf Scholz a craqué sous la pression ukrainienne, américaine et européenne. L'Allemagne livrera donc des tanks Leopard-2 à l'Ukraine. Et après les avions ? Et des troupes ?

Sa carrière politique est déjà presque finie - mais il ne le sait pas encore... Foto: Heinrich-Böll-Stiftung from Berlin, Deutschland / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Il a fini par craquer. Sous la pression des Ukrainiens, des Américains et des Européens, Olaf Scholz a abandonné sa quête d’une stratégie européenne et n’a non seulement annoncé la livraison de tanks Leopard-2 à l’Ukraine, mais également l’autorisation à de tiers pays de livrer des tanks allemands à l’Ukraine. Ainsi, l’Europe entre dans la prochaine phase de l’escalade de cette guerre, toujours sans stratégie, toujours victime de sa propre propagande. Et après ? On parle déjà de la livraison (demandée avec insistance par Kiev) d’avions de combat et l’étape suivante serait, logiquement, l’envoi de troupes occidentales. Tout le monde semble se retrouver sur le chemin de la IIIe Guerre Mondiale qui elle, risque de dépasser ce que le monde a déjà vécu en 14-18 et 39-45.

Le plus surprenant dans cette guerre est le fait que l’Europe n’arrive pas à déterminer une stratégie pour cette guerre. Le seul qui semble avoir les pieds sur terre, est un vieillard américain de 99 ans qui répond au nom de Henry Kissinger et qui dit tout haut ce que tout le monde craint tout bas – la Russie ne partira plus de la Crimée et du Donbass. Henry Kissinger, réaliste, réfléchit à voix haute à des compensations qui pourraient augmenter la sécurité des 85% du territoire ukrainien que les Russes n’attaqueront plus que pour causer des dégâts, mais plus pour occuper d’autres territoires. De toute façon, l’objectif de Poutine, à savoir la « dénazification » de l’Ukraine et la destruction des structures du pays, a échoué. Mais il a réussi à occuper 15% du territoire de l’Ukraine et ces territoires, il ne les lâchera plus. La propagande occidentale et ukrainienne qui veut que l’armée ukrainienne puisse chasser l’armée russe des territoires occupés, relève davantage du vœu pieu que des réalités sur le front.

L’évolution fait davantage penser à 1914 qu’à 1939. – En 1914, l’Allemagne se sentait « poussée » vers la guerre, suite à l’attentat de Sarajevo. Mais il convient de relever que l’Allemagne, une fois en guerre, avait tout mis en œuvre pour poursuivre ses propres objectifs, en devenant l’acteur principal de cette guerre déclenchée après l’assassinat du dauphin autrichien.

Le parti d’Olaf Scholz, le SPD, évolue aujourd’hui sous la menace des trois partis qui se sont transformés en va-t-en-guerres – les Verts, le FDP et la CDU/CSU. Et c’est délicat, car ces trois partis pourraient bel et bien former une coalition dite de « Jamaïque » et renverser le chancelier Olaf Scholz. Qui lui, revient maintenant sur sa position européenne pour éviter une crise gouvernementale à Berlin. Le prix en est élevé – l’Allemagne devient de plus en plus partie prenante de cette guerre.

Vladimir Poutine doit bien rigoler au Kremlin à voir l’Occident s’auto-déchiqueter autour des questions d’armement. Soutenu par son fidèle ami Recep Tayyip Erdogan, Poutine dispose de nombreux leviers pour continuer à semer la zizanie dans l’Occident. Reste alors la question principale – pourquoi est-ce que l’Union Européenne est incapable d’élaborer une stratégie et position commune vis-à-vis de cette guerre ? Pourquoi est-ce que les cadors de la politique européenne acceptent-t-ils de se laisser dicter la démarche par Kiev et Washington ? Qu’est-ce qu’il empêche les institutions européennes de se concerter sur cette question qui touche la sécurité du monde entier ? Au lieu de s’affirmer dans ce conflit, nos « responsables » politiques se limitent à se laisser prendre en photo en tenue militaire aux côtés des Zelensky, Klitschko & Cie. Mais ce n’est pas cette vanité poussée à l’extrême qui réglera ce conflit.

La carrière d’Olaf Scholz en tant que chancelier allemand est déjà finie, – seulement, il ne le sait pas encore. Derrière les portes fermées à Berlin, l’opposition discute déjà quant à la suite, avec les représentants de deux des trois partis au pouvoir à Berlin. Pour mémoire – CDU/CSU, FDP et Verts disposeraient d’une majorité au Bundestag et pourraient faire passer une motion de confiance contre Scholz à tout moment. Avec Scholz, disparaîtra la dernière voix de la raison du gouvernement allemand qui ensuite, discutera sans doute de la livraison des avions de combat à l’Ukraine et dans la foulée, de l’envoi de troupes. La Bérézina et Stalingrad n’ont donc pas suffit pour que l’Occident comprenne que des guerres contre la Russie n’apportent rien de constructif. Mais si tout le monde souhaite vraiment entrer dans cette IIIe Guerre Mondiale, il n’y aura pas grande chose pour arrêter cette évolution. Et on finit par croire que ce ne serait pas la pire des choses pour notre planète si l’être humain s’auto-détruirait pour de bon. L’incapacité d’apprendre des erreurs du passé, conduira l’humanité à sa perte. Mais de telles phrases sont à peine audibles lorsque tout le monde crie « hourra ! ». A pleurer…

1 Kommentar zu L’Allemagne titube vers la guerre en Ukraine

  1. L’Europe peut faire front et imaginer toutes les stratégies de sortie de guerre possible et imaginable, cela ne servira à rien car le personnage-clé de ce conflit est un certain Vladimir Poutine qui, lui, ne se contentera pas seulement du Donbass et de la Crimée. Il l’a d’ailleurs déjà dit. Cet homme ne comprend que le rapport de force. Malheureusement : tchèkiste un jour, tchékiste toujours….

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