L’Allemagne vire au brun

Le nouveau gouvernement allemand n'est toujours pas formé, mais l'extrême-droite AfD est en train de rattraper la CDU dans les sondages.

Il y en a encore qui résistent contre cette vague brune, mais pour combien de temps ? Foto: conceptphoto.info / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Dans le dernier sondage RTL/n-tv, l’AfD ne se situe plus qu’à un petit point de la CDU qui, au mois de février, avait encore gagné l’élection législative. Mais pendant que la CDU et le SPD peinent à s’accorder sur un programme gouvernemental, l’AfD ne cesse de monter dans les sondages, pour se situer aujourd’hui à son plus fort score jamais enregistré. Avec 24% des intentions de vote, il n’est plus qu’une question de temps avant que l’AfD dépasse la CDU qui elle, est descendu à 25%. Il y a des raisons à ça.

La responsabilité de cette nouvelle montée de l’extrême-droite incombe aux partis dit traditionnels qui n’ont pas tiré les conséquences de leur désastre électoral du mois de février. Sur les points principaux, la CDU/CSU et le SPD n’arrivent pas à se mettre d’accord, au milieu il y a le chancelier pressenti Friedrich Merz dont l’inexpérience et le manque de talent politique est déjà visible avant même d’être élu chancelier. En attendant, c’est l’équipe échoué d’Olaf Scholz qui est encore en place, le temps qu’un nouveau gouvernement soir enfin désigné.

En même temps, ce qu’il se passe aujourd’hui en Allemagne, correspond à une évolution généralisée en Europe – l’extrême-droite et un néo-nationalisme malsain se répandent partout en Europe, en suivant l’exemple néfaste des États-Unis. Les mouvements d’extrême-droite en Europe et ailleurs, ont un point en commun et ce point semble attirer des électeurs : ils défient les institutions de l’état et s’attaquent ouvertement aux piliers de la démocratie, comme la justice, le tout sur un fond de xénophobie, de révolte et d’expression d’un malaise social. Les partis traditionnels, et ceci n’est pas uniquement valable pour l’Allemagne, sont incapables de donner des réponses aux questions de notre époque. Les partis de l’extrême-droite n’ont rien à proposer non plus, mais ils ont l’avantage de n’avoir jamais été dans une position gouvernementale, ce qui explique la phrase « ils ne peuvent pas faire pire que les autres ». Évidemment, cette phrase est fausse, mais chez les électeurs et électrices, elle prend.

Cette évolution est très dangereuse et la perspective que l’Allemagne aura un chancelier Friedrich Merz, donc, un amateur à ce niveau politique, n’a rien de rassurant. La confiance des citoyens en leur paysage politique est réduite à zéro et cela ouvre une autoroute pour les néo-nationalistes qui promettent le paradis national si seulement ils étaient élus au pouvoir.

L’insécurité ambiante, les guerres en Ukraine et à Gaza, le nouveau président américain et ses lubies quotidiennes, le terrorisme, le changement climatique, la montée des prix – tout cela fait que les gens souhaitent à nouveau « un homme fort » pour régler les affaires. Pourtant, les Allemands devraient savoir où mène ce rêve d’un « homme fort » – ce sont deux « hommes forts » qui avaient déclenché les deux Guerres Mondiales le siècle dernier, Guillaume II et Adolf Hitler.

En lisant les sondages en Allemagne qui sont publiés toutes les semaines, on peut reconnaître une tendance et cette tendance est inquiétante. D’ici quelques semaines, l’AfD va remplacer la CDU comme le parti le plus fort de l’Allemagne et considérant que ce nouveau gouvernement CDU-SPD peine à se mettre en place, chaque semaine approche l’extrême-droite un peu plus de la pole position politique en Allemagne.

L’Histoire qui nous enseigne comment ces évolutions se terminent, n’a visiblement pas assez bien enseignée aux générations actuelles, qui sont en grande partie xénophobes, militaristes et ne connaissent rien à l’Histoire. Si on ne peut qu’applaudir une institution comme le Conseil d’Europe qui lui, a mis en œuvre un « observatoire de l’enseignement de l’histoire », cela ne suffit pas. L’Europe se dirige tout droit vers de nouvelles catastrophes, on essaye de miner l’état de droit et les Droits de l’Homme, on applaudit le « courage » des néo-fascistes qui défient les piliers de la démocratie et l’histoire va se répéter. Mais probablement, les humains ne méritent pas mieux, lorsque l’on considère que la plupart des acteurs de ce néo-nationalisme néfaste ont été élus démocratiquement. Il est grand temps de revoir nos systèmes électoraux qui permettent à des personnages douteux d’arriver à la tête de nos pays et qui nous conduisent droit dans le mur. Mais attention, il n’y a plus de temps à perdre, la spirale vers les abîmes tourne de plus en plus vite.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste