L’Alsace du Grand Est est restée relativement optimiste

Alain Howiller analyse la conjoncture en Alsace en cette fin de l'année 2018.

Les perspectives alsaciennes seraient positives ! Thumb up ! Foto: Geralt / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(Par Alain Howiller) – Alors que les échanges se tendent autour de la création de la nouvelle collectivité (la « Collectivité Européenne d’Alsace ») qui doit se mettre en place d’ici au Ier Janvier 2021 après négociations entre la Région Grand Est, les deux départements alsaciens, le parlement et les pouvoirs publics, l’attention ne se portait plus guère sur la conjoncture des bords du Rhin. En attendant que les bonnes fées de la Belle au Bois dormant conjuguent leurs efforts pour faire de la nouvelle collectivité autre chose qu’une Auberge Espagnole, voire une… usine à gaz (!), les conséquences éventuelles du mouvement des « Gilets jaunes » d’une part et d’autre part, les analyses publiées par le CESER (Conseil économique, social et environnemental) du Grand Est, l’INSEE, la Banque de France, Alsaeco (observatoire des chambres de commerce et d’industrie) et d’autres organismes ont brusquement dirigé les projecteurs de l’actualité sur la réalité d’une situation économique qui, pour ce qui est du Grand Est, semble bénéficier d’une « reprise confirmée, mais ralentie », comme le soulignent la plupart des conjoncturistes.

La remarque mérite d’être relevée au moment où la révision à la baisse des taux de croissance français et allemands prévus pour 2018 voire 2019, le tassement d’activité souligné par le FMI ou la Commission Européenne font peser des risques sur l’avenir économique. Il est sans doute illusoire de croire que la région restera, à terme, un îlot de stabilité dans un monde en repli : mais pour l’heure, la conjoncture reste relativement bonne dans le Grand Est comme dans sa « composante alsacienne » et les perspectives restent apparemment satisfaisantes pour les prochaines semaines.

De l’industrie aux services marchands. – Dans sa 9ème note de conjoncture, le CESER relève, au niveau de la grande région, que le nombre de travailleurs frontaliers stagne vers l’Allemagne, la Suisse ou la Belgique, mais qu’ il progresse toujours (+5.000 par an) vers le Luxembourg ; que les exportations régionales continuent de placer le Grand Est à la deuxième place des régions derrière l’Ile de France. Les créations d’entreprises ont augmenté (les deux tiers des emplois créés en un an l’ont été en Alsace) et les défaillances ont au contraire diminué. En procédant à une synthèse des différentes données disponibles, on constate qu’en Alsace, le chômage s’inscrit en dessous de la moyenne nationale (8,8% hors Outre-Mer), autour de 7,6% dans le Bas-Rhin et 8,4% dans le Haut-Rhin alors qu’il s’établit à 8,6% dans le Grand Est, autour de 3,1% dans le Bade-Wurtemberg, autour de 4,5% en Rhénanie-Palatinat et de 6,1% en Sarre. Toujours en Alsace, l’indicateur du climat des affaires est en hausse, alors qu’il se contracte un peu sur le plan du Grand Est où l’activité industrielle devrait se maintenir dans les semaines à venir et que « tant les prestations que la demande devraient progresser dans les services marchands ».

D’après les prévisions de la Banque de France (Direction régionale de Strasbourg), dans l’industrie (hors secteur automobile) « les carnets de commande sont convenablement garnis et des perspectives d’embauche existent », alors qu’il y a déjà eu une progression des effectifs en octobre après le tassement observé en septembre. On note une progression des taux d’utilisation des capacités de production, des stocks suffisants (hors secteur alimentaire où ils sont insuffisants). Certains secteurs se mettent en relief : par exemple la chimie, la pharmacie et les activités en biotechnologies où on s’attend à une légère progression des effectifs. En métallurgie et « produits métallurgiques », on se plaint d’un manque de main d’œuvre qualifiée ; dans le bâtiment (au contraire des Travaux Publics) on voudrait recruter, car les carnets sont bien étoffés et les prix s’inscrivent en hausse.

Difficultés de recrutement de main d’œuvre qualifiée. – Dans le secteur des services marchands où on s’attend à une période animée grâce aux fêtes de fin d’année, on recrute et malgré des difficultés de recrutement dues à un manque de main d’œuvre adaptée, les effectifs progressent, car l’activité s’inscrit en hausse.

Toutefois, si dans l’économie régionale, on peut espérer que l’année s’achèvera sur une note entre stabilité et bon niveau, on y scrute l’évolution des marchés extérieurs : déjà dans quelques branches, la demande domestique est venue au secours d’un relâchement des exportations. En Alsace, où se sont installées 400 entreprises d’Outre-Rhin (dont un peu plus d’une cinquantaine venue du Pays de Bade !), on suit tout particulièrement l’évolution de l’économie allemande où les résultats se sont légèrement tassés alors que les chefs d’entreprises, à l’image de l’évolution de l’opinion publique, sont moins optimistes et redoutent les effets d’une éventuelle guerre commerciale avec les Etats-Unis de Donald Trump.

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