L’Alsace envoie un message à Paris – oui, mais lequel ?
La grande manifestation de samedi à Strasbourg constitue, comme l’ont souligné les orateurs, un «message à Paris». Mais ce message n’est pas celui de toute l’Alsace.
(KL) – Finalement, peu importe si le nombre de manifestants samedi à Strasbourg ait été de 6.800, comme l’indique la police, ou de 10 à 15.000, comme l’affirment les organisateurs. Ce qui est évident, c’est que ce n’est qu’une petite partie de l’Alsace qui s’est retrouvé samedi à Strasbourg pour soutentir la mise en oeuvre d’un «Conseil Unique d’Alsace» qui gèrerait les affaires d’une nouvelle, ancienne Région Alsace, comme contre-proposition face au projet d’une région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes ou Alsace-Lorraine.
Le slogan attaché au-dessus de la scène montée samedi à la Place de Bordeaux, annonçait la couleur : «L’Alsace, ma région, oui à une Alsace unie et solidaire». Le même jour, le maire de Strasbourg déclarait qu’il allait continuer de se faire fort pour une nouvelle région Alsace-Lorraine, mais si, à la fin des tractations, un «Conseil Unique d’Alsace» allait voir le jour, il ne serait pas hostile à celui-ci. Alors, quel est le message qu’ont envoýé les manifestants strasbourgeois à Paris ?
A Paris, on aura vu le drapeau alsacien, et on aura entendu qu’une partie de la droite alsacienne ne veut pas être fusionnée avec d’autres régions limitrophes. Une partie. Sur les environ deux millions d’Alsaciens, environ 10.000 se sont rassemblés pour demander à ce que la Région Alsace puisse continuer à évoluer dans ses limites géographiques actuelles.
Paris ne sera pas non plus impressionné par le fait que le Président de la Région Philippe Richert a failli se casser la voix, que le «Johnny strasbourgeois» Jean-Claude Bader ait chanté sur scène, que de nombreux élus locaux et régionaux aient fait le déplacement. A Paris, on aura surtout noté que la demande alsacienne n’est pas portée par un mouvement alsacien uni et solidaire, on y aura aussi noté que la gauche alsacienne soutient le projet «Alsace-Lorraine».
Avant le prochain round à l’Assemblée Nationale, il conviendrait de calmer le jeu, avant que cette question ne tourne en bataille idéologique. Il est encore temps de comuniquer plus clairement sur les effets escomptés dans les différentes configurations (quelles seraient les conséquences d’une fusion avec la Lorraine, quelles seraient les conséquences si l’Alsace restait dans sa configuration actuelle, quels gains d’efficacité en cas de fusion, quelle capitale, quelles économies, quels avantages et inconvénients ?).
Et quid de l’Eurométropole ? Comment s’intègre ce projet dans le projet de fusion des régions ? Puisque de nombreuses réponses manquent encore dans le débat publique, l’heure de l’idéologie a sonné. Tout le monde essaye de se positionner en «vrai défenseur des intérêts alsaciens» et avant que le débat n’arrive définitivement à ce niveau, il convient de le factualiser. Cela incombe à – Paris. C’est le gouvernement qui doit rapidement apporter des réponses aux questions évoquées, c’est au gouvernement de détailler les objectifs de cette réforme territoriale.
Si la manifestation de samedi à Strasbourg a pu contribuer à ce que Paris prenne conscience qu’il faut maintenant mettre cartes sur table, alors, cette manifestation aura servi à quelque chose.
Le vrai problème est que le conseil unique proposé aux citoyens alsaciens il y a plus d’un an , fut d’abord un règlement de comptes interne à l’UMP locale … Couronné par l’éternelle guéguerre départementale Haut Rhin / Bas Rhin….
Il avait été demandé aux électeurs alsaciens de se prononcer par référendum sur la fusion des départements et de la région…
Les électeurs ont dit NON… !
La question aujourd’hui est de savoir s’il faut passer outre le résultat du référendum …. Ou en faire un nouveau … avec la même question …. ??
La grande difficulté est de savoir exactement quelle question poser puisqu’à ce jour nul ne sait ce que le gouvernement décidera réellement …..
Cette première manifestation permet de davantage lancer le débat de la redécoupe des régions que celle de la fusion des départements alsaciens et région … !!!
Une partie de la Droite alsacienne ( beaucoup d’écharpes tricolores d’élus ruraux) appuyée par une droite à tendance autonomiste ( euphémisme) n’est pas l’Alsace. On ne le sait que mieux à Paris depuis dimanche. Cette manifestation était une erreur….stratégique pour le moins . On ne peut pas parler de succès d’un chauvinisme exacerbé. Des attitudes très partiales à visées électoralistes même au Modem A joutez à çà une pub puissante relayée par les journaux locaux et on peut parler d’échec.