L’Alsace sortira-t-elle du Grand Est ? La consultation !

Alain Howiller revient sur le « sondage » mené par la Collectivité européenne d’Alsace (CeA).

Est-ce que le souhait alsacien de quitter le Grand Est, entrera dans le débat de campagne ? Foto: Gzen92 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Alain Howiller) – Il y avait jadis sur Antenne 2, une émission très populaire qui s’appelait « L’Ecole des Fans ». Animée par Jacques Martin, qui avait fait ses débuts de comédien-animateur à Strasbourg auprès du cabarettiste et… adjoint au Maire Germain Muller, l’émission mettait en scène, en présence de vedettes connues, une sorte de concours de chansons entre enfants. Ils étaient tous classés « gagnants » à la suite de leur interprétation ! Allez savoir pourquoi -faux iconoclaste que je suis !- je me risque à comparer à « l’Ecole des Fans », la « consultation citoyenne » organisée par la Collectivité Européenne d’Alsace (CeA).

Celle-ci avait été organisée pour savoir si l’Alsace devait quitter la région du « Grand Est » pour redevenir une région de plein exercice !(1) La consultation n’avait évidemment rien d’une compétition susceptible de jouer dans la cour des amusements publics, mais la manière dont promoteurs et détracteurs ont accueilli son résultat, faisait immanquablement penser à l’émission du regretté Jacques Martin !

L’affrontement de deux « egos » ? – Frédéric Bierry, le Président de la CeA, était satisfait que plus de 150.000 Alsaciens aient participé à la consultation, alors qu’il avait fixé le seuil de crédibilité à 100.000 « votants » : en outre, 92,4% d’entre eux, amplifiant les résultats de divers sondages précédents, étaient favorables à la sortie du Grand Est. A Colmar (et non à Strasbourg, siège officiel de la CeA), commentant la consultation, il parlait de « journée historique » et de « succès populaire ».

Jean Rottner, le Président de la Région Grand Est, marquait, quant à lui, non sans ironie (et avec un peu de fiel lorsqu’il évoque le sort des 6.000 agents de la collectivité alsacienne), une forme de satisfaction : relevant qu’il y a eu « un peu plus de 10 % (ndlr : du corps électoral) pour la consultation de M. Bierry, qui aura tout de même duré deux mois… quelle place pour les 88% d’alsaciennes et d’alsaciens qui n’ont pas souhaité participer ?… » Et d’insister : « …Je veux redire mon attachement à tous les habitants de notre région, champardennais, lorrains, alsaciens, c’est ensemble que nous construisons chaque jour concrètement notre avenir… ».

Au cœur des prochaines élections – Vouloir réduire ces approches à une querelle d’egos, comme certains ont cru devoir le faire, cacherait la réalité d’un débat lié à la manière autoritaire dont le Grand Est a été mis sur orbite par François Hollande : il n’y a rien d’étonnant que, dans ce contexte, les Alsaciens s’estiment frustrés d’une identité, d’une personnalité : ce dernier terme serait sans doute plus approprié et éviterait un éternel questionnement sur une prétendue connotation ethnique, voire raciste(2). Il est certain que la « consultation citoyenne » de Frédéric Bierry a été organisée comme un des moyen essentiels de pression pour faire admettre que l’avenir de l’Alsace dans le Grand Est entre au cœur des débats des élections présidentielles et législatives. Sur ce point, il n’est pas douteux que le pari sera gagné !

Quant à l’évolution revendiquée de l’Alsace vers un statut de région à part entière -revendication que la consultation a voulu faire admettre-, rien ne dit que les élus de demain trancheront ! Car ce sera à la loi de changer les choses : espérer qu’un accord entre le Grand Est et la CeA préparera les évolutions futures est, sans doute, illusoire !

Pourtant, la majorité qui sortira demain des urnes, devra inévitablement pousser à mieux prendre en compte une véritable décentralisation : la crise sanitaire a démontré son impérieuse nécessité. Elle suppose une véritable proximité. Il n’y aura plus, dès lors, de « problème Alsace/Grand Est », mais une réorganisation globale qui apportera la solution espérée.

(1) Voir eurojournalist.eu du 29.01.2021.

(2) Eurojournalist.eu du 07.02.2022.

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