L’antisémitisme, ça se combat…

Depuis un an, 10 des 16 Länder allemands ont instauré des « chargés de mission contre l'antisémitisme ». Si on attend encore les résultats de leur travail, au moins, on réagit.

Suite à des agressions antisémites en 2018, de nombreux Allemands non-juifs portaient la "kippa" par solidarité avec la communauté juive. Foto: Lars Ehlers / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – L’antisémitisme est un sujet particulièrement sensible de l’autre côté du Rhin, dans un pays qui, il y a 75 ans à peine, a assassiné 6 millions de juifs après une campagne de haine sans précédent dans l’histoire. La renaissance de l’antisémitisme, phénomène malheureusement aussi répandu en Allemagne que dans d’autres pays européens, a amené les autorités allemandes à réagir. Les premiers à prendre des mesures étaient les voisins du Bade-Wurtemberg.

Michael Blume, chargé de mission contre l’antisémitisme du Bade-Wurtemberg, installé à ce poste depuis 2018, ne manque pas de travail. D’une part, il s’agit de trouver des réponses à la recrudescence des actes antisémites, d’autre part, il faut s’engager dans des campagnes d’éducation et de sensibilisation à ce phénomène qui impacte gravement le vivre-ensemble dans nos sociétés.

La montée de l’antisémitisme ne date pas d’hier, mais nous sommes restés trop longtemps à regarder ce phénomène en essayant de nous assurer qu’il ne s’agit que d’actes isolés commis par une poignée de malades mentaux. Mais cette lecture de l’évolution antisémite était erronée – l’antisémitisme est de retour dans nos sociétés. Porté par des extrémistes de tous bords, stimulé par l’envie de trouver des boucs émissaires pour les misères que vivent certains, l’antisémitisme est de retour, et on doit se poser la question s’il avait jamais disparu.

Rien ne justifie les paroles, les agressions, les insultes qui fusent à nouveau. Le débat sur le fait qu’Alain Finkielkraut a été traité de « juif » ou plutôt de « sioniste » s’apparente à une apologie de l’inexcusable. Comme si les surexcités qui voulaient en découdre avec Finkielkraut avaient les capacités intellectuelles de faire la différence. L’incident de Paris doit être considéré dans le contexte d’autres incidents de ce type, que ce soit sur certains rond-points, que ce soient les tags « Juden » ou les croix gammées – on ne peut plus fermer les yeux devant ce phénomène détestable.

La recrudescence de l’antisémitisme est directement lié à la monté de l’extrémisme en France, comme en Allemagne et un peu partout en Europe. Et c’est bien que ce soit en Allemagne que les autorités se mettent à réagir.

Michael Blume, chargé de mission contre l’antisémitisme, doit donc gérer les incidents actuels, comme les profanations de cimetières, l’expression verbale insultante et les agressions sur les personnes. A une époque où le Grand Rabbin de Berlin recommande à ses fidèles de ne plus porter la « kippa » en public, nous avons dépassé le stade des « débuts ». Mais le travail de ces 10 chargés de mission ne se limite pas à la réaction sur des actes odieux, il faut intégrer les notions du vivre-ensemble dans l’éducation et ce, depuis le plus jeune âge.

Epaulé par 18 experts inter- confessionnels, Michael Blume est donc l’interface entre le gouvernement du Bade-Wurtemberg et les réalités sur le terrain. En tant que médiateur, il devra faire remonter les incidents au gouvernement et se faire force de proposition pour des programmes à mener dans les écoles et dans la société tout court.

A quand une telle fonction publique dans les régions de France ?

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