L’armée française a fait son entrée dans les rues de Strasbourg

Depuis samedi, des soldats patrouillent au centre-ville de Strasbourg – pour donner un sentiment de sécurité à la population. Qui du coup, se sent en insécurité.

Est-ce que la présence militaire au centre-ville de Strasbourg pourra vraiment augmenter la sécurité ? Foto: Claude Truong-Ngoc / Eurojournalist(e)

(KL) – Suite aux attentats du mois de Janvier, le président français a mis en oeuvre «l’Opération Sentinelle», le déployement de soldats aux points sensibles définis par les préfets. Depuis samedi, la place de la Cathédrale à Strasbourg est fréquentée par des croyants, des touristes et des soldats en tenue de combat.

Cette «Opération Sentinelle» est organisée à grande échelle. 10.412 militaires sont concernés sur l’ensemble du territoire français, pour sécuriser 830 points sensibles : lieux de culte, écoles, représentations diplomatiques et consulaires, organes de presse – et la Cathédrale de Strasbourg qui sont surveillés 24 heures sur 24.

Il est clair que nous vivons à une époque marquée par les dangers liés au terrorisme – encore le week-end passé, une traditionelle course à vélo a du être anullée à Francfort en Allemagne après l’arrestation de deux salafistes qui, selon toute vraisemblance, s’apprêtaient à commentre un attentat lors de cette course. Pour montrer de la détermination, le gouvernement français a donc décidé de faire intervenir l’armée. Pour que les citoyens se sentent en sécurité. Le contraire est le cas.

D’abord, on a du mal à croire que la présence de soldats au centre-ville puisse vraiment dissuader des terroristes déterminés – mais cette présence de soldats lourdement armés indique une sorte de danger permanent et imminent qui nous entoure et qui nous montre clairement que les temps ont changés. Si on comprend aisément pourquoi il faut protéger, par exemple, des écoles juives, ces patrouilles dans le centre des villes ressemble plus au message du gouvernement «on a réagi !» qu’à une véritable protection.

Il se pose même la question si ce sentiment d’être en guerre n’en rajoute pas au clivage qui s’est creusé entre les différentes communautés. Un peu comme aux Etats-Unis après les attentats de 2001 où, après avoir intoxiqué par le America under attack, tout étranger se trouvait sous une suspicion généralisée. Et c’est exactement cela que visent les terroristes – le morcellement de la société, l’instauration d’un climat de la peur et de la méfiance.

Mais sommes-nous réellement en guerre ? Si l’on peut remettre en doute l’efficacité de cette présence militaire dans nos villes, on ne peut que déplorer le manque d’efforts de la part du monde politique de s’attaquer aux racines du mal dans nos sociétés. Qui sont l’exclusion, les ghettos des grandes villes, le manque de perspectives pour les jeunes. Si la lutte contre le terrorisme comprend une dimension de répression, cette répression ne servira à rien si elle n’est pas accompagnée par des efforts au moins aussi importants dans les programmes visant à améliorer les perspectives de la jeunesse. Autrement, des opérations comme «Sentinelle» ne feront qu’aggraver le sentiment de danger et de méfiance d’autrui que les terroristes tentent d’instaurer en Europe et dans le monde.

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