L’arrogance nord-sud des institutions européennes

Le chef du Groupe Euro, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, a exprimé un mépris surprenant vis-à-vis des états du sud de l’Europe. Ainsi, il se disqualifie pour un deuxième mandat à la tête du Groupe Euro.

Le chef du Groupe Euro Jeroen Dijsselbloem pense que les états du sud de l'Europe aient "claqué leurs sous pour de la gnôle et des femmes" - incroyable. Foto: Rijksoverheid.nl / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(KL) – L’une des valeurs principales de l’Union Européenne, c’est la solidarité. Et quand on parle de solidarité, celle-ci ne se limite pas aux seules banques et aux marchés financiers, mais théoriquement, cette solidarité devrait s’appliquer surtout aux plus de 500 millions d’Européens et Européennes. A la surprise générale, cette valeur n’est pas partagée par le chef du Groupe Euro, Jeroen Dijsselbloem. Ce qui a exprimé dans une interview parue dans la « Frankfurter Allgemeine Zeitung », est le déni de cette solidarité européenne.

Interrogé sur les crises actuelles et sur la relation entre les pays du nord et du sud de l’Europe, Jeroen Dijsselbloem n’a rien trouvé d’autre que de dire : « Ceux qui réclament de la solidarité, ont aussi des devoirs. Je ne peux pas claquer tout mon argent pour de la gnôle et des femmes et demander ensuite de l’aide. Ce principe est valable au niveau personnel, local, national et européen ». Plaît-il ?!

Avec cette déclaration, Dijsselbloem insulte les états comme la Grèce, l’Italie, l’Espagne ou le Portugal qui fournissent tous des efforts énormes pour satisfaire les exigences européennes en termes de croissance, d’endettement, de conjoncture. Quand on pense aux coupures dans le domaine social que ces pays ont du opérer, quand on pense aux privatisations que ces pays ont du organiser pour satisfaire les émissaires européens, la déclaration de Dujsselbloem paraît carrément cynique. Aucun de ces états n’a « claqué son argent pour de la gnôle et des femmes », mais ces pays souffrent d’un endettement qui date depuis longtemps et pour lequel, les gouvernements actuels ne sont même pas responsables.

Et cette phrase méprisante de Dijsselbloem traduit encore autre chose – l’arrogance des pays de l’Europe du nord vis-à-vis les états du sud. Reprocher aux états de l’Europe du sud d’avoir claqué bêtement de l’argent (sous-entendu, pour s’amuser excessivement), c’est le déni des efforts fournis par ces états – des efforts qui ont été couronnés par un redressement de la situation, par exemple, au Portugal.

Le Groupe Euro n’a pas besoin d’un donneur de leçons à sa tête et la réélection de Dijsselbloem semble déjà compromise. Réduire l’Union Européenne à la seule zone euro, comme le suggèrent aussi certains candidats à la Présidence française, c’est l’abandon du principe de solidarité au sein de l’Union Européenne. Mais les Dijsselbloem & Cie. ne semblent pas avoir compris que les Européens et Européennes ne veulent pas de cette Europe qui n’œuvre qu’en faveur des intérêts du monde économique et financier – et si Dijsselbloem n’entend pas cet appel, il ne doit pas être reconduit à la tête du Groupe Euro. A écouter sa réponse à la question s’il ne voulait pas s’excuser pour son dérapage verbal, on comprend que Dijsselbloem, lui aussi, fait partie de cette génération de responsables européens qu’il conviendra de remercier le plus rapidement possible. Ce sont les Dijsselbloem, Juncker et collègues qui ont manœuvré l’Europe dans une impasse – et ce ne seront pas eux qui sauveront l’Europe. Qu’ils partent alors !

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