L’art de scier la branche sur laquelle on est assis

Recep Tayyip Erdogan ne cesse de traiter l’Allemagne (et les Pays-Bas et l’Autriche) de « pays utilisant des méthodes nazies ». Pas très futé…

Ceux qui vénèrent leur "Führer" Erdogan, suivent celui qui conduit la Turquie dans de grands problèmes. Foto: Mwtyslav Chernov / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Dans la presse turque, entièrement contrôlée par le régime Erdogan, on pouvait contempler hier une caricature d’Angela Merkel arborant une tête d’Hitler et portant un drapeau du PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie. Face aux insultes et menaces prononcées par Erdogan himself et ses sbires, le ton monte aussi du côté allemand. Et la Turquie devrait réfléchir à deux reprises avant de se jeter dans les bras d’une Russie aux bords de la faillite – soigner les relations avec l’Europe devient une stratégie de survie pour la Turquie.

Car la Turquie, qu’elle le veuille ou non, dépend économiquement de l’Europe. Depuis le « putsch » l’année dernière et les mesures totalitaires d’Erdogan, l’économie turque se trouve en chute libre. Le PIB a baissé de 1,8%, le tourisme a baissé déjà d’un bon tiers et sans les exportations vers l’Europe, la Turquie rencontrera très rapidement des problèmes encore plus graves.

La lira turque perd de sa valeur, le chômage a augmenté pour se situer maintenant à plus de 12 points, la tendance est mauvaise – la Turquie paie le prix fort pour le « plaisir » de se payer un président-dictateur.

Les pays de l’Union Européenne sont les partenaires commerciaux les plus importants de la Turquie et il est difficile de comprendre ce que cherche Erdogan actuellement en traitant tous ceux de « nazis » qui critiquent le système qu’il est en train de mettre en place. En empoisonnant les relations avec les états européens, Erdogan risque gros – et ses nouveaux amis russes ne le sortiront pas du pétrin : pour l’instant, la Russie ne fait même pas partie des Top 20 des partenaires commerciaux de la Turquie.

Erdogan ferait mieux de redescendre sur terre et de modérer ses propos. Bien sûr, en traitant l’Allemagne de « pays utilisant encore des méthodes nazis », Erdogan se présente comme l’homme fort de la situation vis-à-vis de son public. Mais que dira son public le jour quand il viendra demander à l’UE de sauver son économie et que l’UE ne donne pas suite ? Dans le bras de fer engagé actuellement entre la Turquie et l’Union Européenne, Erdogan pense tenir les commandes – mais il ne tient rien du tout. Et il est à deux doigts de devenir effectivement « persona non grata » en Europe. Dommage que les citoyens et citoyennes turcs ne voient pas encore les dégâts que cet homme est en train d’infliger à sa population. Le réveil sera dur pour la Turquie.

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