L’attentat contre Hitler le 20 juillet 1944
Samedi, l’Allemagne honorera ses rares résistants contre le régime nazi. Il y a 75 ans, un groupe d’officiers de l’armée allemande avait tenté d’assassiner le tyran. Mais l’attentat avait échoué.

(KL) – Les résistants allemands contre le régime nazi n’étaient pas nombreux. Il y a eu quelques individus qui agissaient à leur niveau, comme le courageux Georg Elser qui, en 1939, a tenté de tuer Hitler par une bombe au Hofbräuhaus ou le groupe des Scholl, jeunes étudiants qui diffusaient des tracts à l’Université de Munich avant d’être arrêtés et exécutés. Et, bien entendu, il y a eu le groupe autour de Claus Schenk Graf von Stauffenberg dont l’attentat contre Hitler a échoué de peu. Cet attentat a eu lieu il y a 75 ans, et tous les ans, les Allemands honorent ce groupe de militaires qui plus tard, allait devenir le symbole de la « résistance allemande ». Pourtant, si la guerre en Russie avait été couronnée de succès, ces officiers n’auraient pas tenté de renverser le tyran.
L’idée de cet attentat germait déjà depuis 1942 et la défaite de la Wehrmacht en Russie. Les officiers faisant partie du groupe von Stauffenberg, tous des militaires chevronnés, savaient à ce moment-là que la guerre était perdue pour les Allemands. Eduqués selon le code de conduite strict de la Wehrmacht (qui obligeait les officiers d’assurer la survie des soldats qui leurs étaient confiés), ils cherchaient à « limiter les dégâts », sachant que la poursuite de la guerre ne pouvait qu’occasionner des pertes humaines énormes. La décision de tenter un attentat contre Hitler était donc motivée par la perte de la guerre, ce que le groupe von Stauffenberg avec son expertise militaire, avait compris bien avant le reste de la population.
Sur un plan historique, cela pose un petit problème. Les officiers faisant partie du groupe von Stauffenberg ne se sont pas révoltés contre le totalitarisme hitlérien, pas non plus contre l’extermination des Juifs, pas non plus contre les plans d’Hitler de conquérir le monde – ils avaient tout simplement compris qu’ils ne pouvaient plus gagner cette guerre et cherchaient donc à la terminer pour cesser ce carnage dépourvu de tout sens.
Et si la Wehrmacht avait gagné à Stalingrad ? - Et si Rommel avait remporté ses batailles dans le désert nord-africain ? Est-ce que les conspirateurs auraient eu la même idée d’éliminer Hitler ? Probablement pas, car ce n’est pas le système nazi que contestaient ces officiers (ils en étaient même des piliers), mais la poursuite d’une guerre qu’ils savaient déjà perdue.
Dans la mesure où l’Allemagne manque terriblement de « héros de la résistance », on célèbre le groupe von Stauffenberg dont il convient de louer le courage extrême de s’organiser pour renverser Hitler et son régime. A une époque où la seule organisation d’une réunion clandestine constituait un risque extraordinaire, ces officiers ont sacrifié leurs vies pour mettre fin à la plus terrible folie du siècle dernier, peut-être de toute l’histoire de l’humanité.
L’attentat à la Wolfsschanze a échoué de peu. Dans le stress de la situation, von Stauffenberg n’a pu armer un seul des deux paquets d’explosifs qu’il transportait dans sa sacoche et en plus, cette sacoche avait été déplacée dans la salle où se trouvait Hitler à un endroit où elle causait moins de dégâts. De toute manière, les scientifiques sont unanimes : si von Stauffenberg avait pu placer un détonateur également dans le deuxième paquet d’explosifs, personne dans la salle n’aurait pu survivre.
Pensant que leur attentat avait réussi, les conspirateurs rentraient à Berlin où ils comptaient prendre le contrôle des institutions, des médias, de l’armée. Mais avant même d’arriver à Berlin, il s’avérait qu’Hitler avait survécu à cet attentat, la chaîne d’actions de l’opération « Walkyrie » n’avait pas été déclenchée à Berlin, à cause de problèmes de communication. Et le soir même, les conspirateurs furent arrêtés et, pour 7 d’entre eux, exécutés sur le champ dans la cour du terrible bâtiment Bendler à Berlin.
Le bilan de cette insurrection était lourd : 19 généraux, 26 colonels, 2 ambassadeurs, 7 membres du corps diplomatique, 1 ministre, 3 secrétaires d’état et de nombreux autres hauts fonctionnaires subissaient des procès menés par le juge sanguinaire Roland Freisler et condamnés à mort.
Il est important de se souvenir qu’il a aussi existé des Allemands qui, un moment donné, se sont révoltés contre Hitler. Et même si cette révolte se dirigeait contre la poursuite d’une guerre déjà perdue davantage que contre les crimes barbares des nazis, il convient de leur garder un souvenir honorifique. Ils ont été exécutés par les nazis en essayant de mettre un terme à la guerre. Qu’ils reposent en paix.
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