L’Autriche aussi…

Lors de l'élection législative hier en Autriche, le parti d'extrême-droite FPÖ est devenu le parti le plus fort. Mais une coalition sans les extrémistes serait possible.

Grand perdant de l'élection en Autriche, le chancelier Karl Nehammer pourra quan,d même probablement former une coalition gouvernementale. Foto: European People's Party / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Pays-Bas, Suède, Italie, France, plusieurs Länder allemand et d’autres pays ont connu la même évolution : une extrême-droite qui monte et monte. Hier, en Autriche, c’est le FPÖ avec son candidat Herbert Kickl qui a gagné l’élection législative, avec 28,8% des votes, ce qui constitue un + de 12,2%. Un séisme politique. En même temps, le parti conservateur du chancelier Karl Nehammer, l’ÖVP, perd 11,2% des votes et arrive à 26,3%. Les social-démocrates du SPÖ se maintiennent à 21,1% (-0,1%). Les libéraux du NEOS et les Verts seront présents au prochain parlement autrichien avec respectivement 9,2% (+1,1%) et 8,3% (-5,6%). Si l’extrême-droite ne pourra pas (encore?) prendre le pouvoir, la glissade vers l’extrême-droite est actée.

Si le chancelier Nehammer a déjà exclu une coopération avec Herbert Kickl (« cet homme est dangereux »), d’autres membres de son parti ÖVP pourraient s’imaginer une coopération avec le FPÖ, à condition que Herbert Kickl ne soit pas de la partie. Chose que le FPÖ n’acceptera pas. Plus probable sera une coalition ÖVP-SPÖ qui disposerait d’une courte majorité, mais en associant un troisième partenaire, par exemple les libéraux de NEOS, cette coalition aurait une majorité confortable.

Mais la possibilité de former un gouvernement sans l’extrême-droite ne peut constituer qu’un court instant de joie. Car un tiers de l’électorat autrichien a voté pour un parti secoué par des scandales, dont plusieurs membres affichent ouvertement des tendances nazies et dont le sujet principal est une xénophobie décomplexée. Cette fois, l’Autriche a encore échappé à l’extrême-droite au pouvoir, comme la France, comme les trois Länder allemands qui viennent de voter. Mais ailleurs, comme aux Pays-Bas ou en Italie, l’extrême-droite est déjà au pouvoir et d’autres pays suivront prochainement. L’heure est au néo-nationalisme, face aux multiples crises mondiales, les pays s’enferment de plus en plus en pensant que cette attitude puisse augmenter leur sécurité et prospérité.

Le front des néo-nationalistes en Europe ne cesse de grandir. Déjà, on avait les états « Visegrad » (Pologne, Hongrie, République Tchèque et Slovaquie) qui ne font qu’à leur tête, il y avait le « Brexit » et maintenant, les états-membre de l’Union Européenne glissent, l’un après l’autre, dans le piège de l’extrême-droite. Pourtant, pour l’instant, aucun de ces partis d’extrême-droite aurait résolu des problèmes, brillé par des idées, amélioré la vie des citoyens. On assiste maintenant à une surenchère de xénophobie et d’antisémitisme, comme un concours qui traite les migrants et réfugiés le pire. Et cela suffit déjà pour gagner des élections.

Les Verts, comme ailleurs, ont connu une lourde défaite hier en Autriche, mais il se maintiennent au parlement. Le KPÖ, le parti communiste et la « Bierpartei » (parti de la bière) ont loupé la barre des 4% et n’entreront pas au parlement à Vienne.

Que va devenir l’Europe qui aura du mal à contrecarrer les tendances néo-nationalistes ? Si le respect des règles européennes devient optionnel, l’Union se désintégrera. Plus de nationalisme signifie moins d’Europe et moins d’Europe signifie la perte du poids de l’Europe sur l’échiquier mondial. Déjà, l’importance de l’Europe a baissé énormément, mais on n’a pas encore touché le fond. Mais si l’Europe continue comme ça, ça ne saura pas tarder…

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