L’Autriche fait ses adieux à l’humanisme européen

Avant même le deuxième tour des élections présidentielles entre un candidat d’extrême-droite et un candidat écologistes, l’Autriche choisit déjà de quitter le chemin de l’humanisme européen.

L'une des plus importantes frontières entre l'Europe du nord et l'Europe du sud, le Brenner, pourra bientôt être fermé pour tout réfugié. Foto: MartinPutz / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Depuis l’année dernière, la question des réfugiés occupe et préoccupe l’Europe. L’incapacité de l’Europe institutionnelle et intergouvernementale a empêché une solution européenne pour cette question, la plupart des états refusant de se montrer solidaires avec les victimes des guerres et guerres civiles qui sont à la base de cette vague de réfugiés qui arrivent en Europe. Chaque état-membre mène sa propre politique en la matière, allant du refus total d’aider les réfugiés (état de «Visegrad») jusqu’à l’accord douteux avec un partenaire aussi douteux qui est la Turquie. Maintenant, l’Autriche a modifié sa loi d’asile de manière à ce que les portes autrichiennes se ferment.

Pour «réguler» l’afflux de réfugiés, l’Autriche a trouvé l’astuce : on interdit aux réfugiés de soumettre une demande d’asile en arrivant à la frontière – et ils seront immédiatement refoulés. Pour ce faire, il suffit que le gouvernement déclare un «état d’urgence» – le parlement à Vienne a voté cette nouvelle loi avec une forte majorité et ce, avant même que le pays tombe entre les mains des populistes ultra-nationalistes. Pour entrer en vigueur, il ne manque plus que la signature du président autrichien.

Un tel «état d’urgence» serait, dans un premier temps, limité à une durée de six mois, avec la possibilité d’une prolongation allant jusqu’à deux ans. Cet «état d’urgence» nécessite l’aval du parlement et prévoit quelques exceptions, par exemple en ce qui concerne des réfugiés ayant de la famille proche en Autriche, les mineurs non accompagnés et des femmes avec des enfants en bas âge.

Le réflexe de fermer les frontières se généralise en Europe. Et en même temps, ces mesures assez populistes éloignent l’Europe de plus en plus d’une solution commune de la question des réfugiés. Déjà que l’Union Européenne se montre incapable de faire valoir la décision prise au mois de septembre et qui prévoyait la distribution de 160 000 réfugiés sur les états-membres de l’UE, ces «cavaliers seuls» de pays comme l’Autriche rendent une approche commune carrément impossible.

La tragédie humanitaire qui frappe les réfugiés qui tentent de sauver leur vie en venant en Europe, ne peut pas se résoudre en érigeant des murs et barbelés. Nous sommes face à une catastrophe humaine et non pas face à une menace d’invasion, comme veulent nous faire croire les populistes de toutes les couleurs politiques.

De plus, l’Autriche se prépare désormais à la fermeture de la frontière austro-italienne, considérant que la fermeture de la «Route des Balkans puisse déclencher une vague de réfugiés arrivant par l’Italie. Matteo Renzi, le premier ministre italien, s’est montré indigné par cette mesure qui est contraire à l’esprit de Schengen et l’idée européenne.

Et pendant que les politiques discutent les chiffres, les statistiques et les mesures à prendre dans cette «guerre contre les réfugiés», tous les jours des gens meurent dans la tentative de quitter l’enfer dans l’espoir de trouver un abri chez nous. Notre réponse à la détresse de nos voisins – on ferme les portes et les yeux, on laisse crever les gens en Méditerranée et ceux qui ont la chance d’arriver sur le sol européen, on les interne ou on les expulse vers la Turquie et un destin peu clair.

Et oui, tout cela se passe en notre nom.

1 Kommentar zu L’Autriche fait ses adieux à l’humanisme européen

  1. 3locations // 9. Mai 2016 um 12:51 // Antworten

    C’est l’humanisme danubien en Autriche …

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