Le bal des absents
Au « Forum Mondial de la Démocratie » à Strasbourg, le manque d'ambition des organisateurs s’est manifesté clairement lors de l'ouverture du programme "In" au Conseil de l'Europe.
(KL) – Souvenons-nous : en 2012, le Conseil de l’Europe et la Ville de Strasbourg organisaient la première édition du « Forum Mondial de la Démocratie » et le monde entier regardait vers Strasbourg. Le discours d’ouverture était prononcé par le Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki-Moon. Deux Prix Nobel et de nombreux représentants de la politique internationale, nationale et locale honoraient cette ouverture de leur présence. Mais 2012 est loin.
Mercredi, 8 novembre, 9 heures : séance d’ouverture du programme In de la sixième édition du « Forum Mondial de la Démocratie. Parmi les personnalités assistant à cette séance, aucun représentant du gouvernement national, aucun représentant de la Région Grand Est et, c’est le comble, aucun représentant de l’exécutif local. Quant aux Prix Nobel et autres Grands de la politique internationale, néant.
Le « Forum Mondial de la Démocratie » s’est transformé pendant les six ans de son existence en une sorte de rendez-vous des têtes bien pensantes qui travaillent pour un avenir démocratique de l’Europe. Universitaires, scientifiques, représentants d’ONG… Des participants d’une grande qualité et d’une bonne volonté à toute épreuve. Ce ne sont pas les participants à ce « Forum Mondial de la Démocratie » qui le dévalorisent, mais les organisateurs qui, abandonnant toute ambition de secouer le monde, grossissent les rangs des absents en ce mercredi matin pluvieux.
L’hémicycle du Conseil de l’Europe est bien rempli et le public – surtout des jeunes venus des quatre coins du monde – écoute sagement des exposés qui frôlent parfois la platitude. La question qui fait office de leitmotiv pour cette manifestation (« Est-ce que le populisme constitue un danger ? ») intéresse ce public qui vient, en partie, de pays où le processus démocratique n’est pas une évidence.
On apprend ainsi que les populistes ont actuellement le vent en poupe en Europe et ailleurs. Et que ce n’est pas bien. Et que les partis traditionnels portent une grande part de responsabilité dans cette évolution. Et que les médias ont aussi une part de responsabilité. Rien de vraiment révolutionnaire, à vrai dire. Personne dans le public n’étant fan des populistes, on se confirme mutuellement qu’on est dans le vrai. C’est bien. Mais cette prise de conscience collective ne changera pas le cours du monde. Et puisque cette manifestation onéreuse se passe de toute finalité concrète, les participants repartiront dans quelques jours, raconteront chez eux que Strasbourg est une ville accueillante et la sixième édition du « Forum Mondial de la Démocratie » tombera dans les oubliettes. Sauf quelques manifestations de l’excellent programme « Off ».
Au fond, ce « Forum Mondial de la Démocratie », c’est quoi ? Une opération visant le développement touristique de la ville de Strasbourg ? Une occasion d’organiser un programme Off d’une grande qualité ? Une communication politique pure et dure ?
9h42. On vient d’apprendre que la démocratie est une bonne forme d’organisation pour une société. Et toujours aucun représentant des institutions locales, régionales, et nationales dans la salle. Dans un instant, Lisa Simone va chanter une ou deux chansons. Et si la Ville de Strasbourg et le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe n’estiment pas leur présence indispensable, je peux partir à mon tour. Après Lisa Simone et avec un sentiment de gâchis. Le manque d’ambition de la part des organisateurs prive ce Forum d’un rayonnement international, alors qu’il se veut « mondial ». Strasbourg pourrait devenir la capitale mondiale de la Démocratie, mais visiblement on se contente d’être la capitale de Noël (où on a du mal à ériger un arbre de Noël correctement). Dommage.
Ils étaient tous présents à 15 heures comme prévu dans le programme :
M. Roland Ries, Maire de Strasbourg, Mme Nathalie Loiseau, Ministre chargée des Affaires européennes, M. Jean Rottner, Président de la Région Grand-Est et M. Thorbjorn Jagland, Secrétaire Général du Conseil de l’Europe.
Le Forum dure trois jours, il faut le suivre tout au long si on s’y intéresse vraiment. Trois jours à travailler sur des sujets précis et non à guetter si les “officiels” sont présents ou pas à l’ouverture. Ils ont fait leur job et les participants qui sont venus pour apporter des idées au débat démocratique ont fait leur job aussi. Mme Nathalie Loiseau a même participé à la session plénière qui a suivi les “discours” de bienvenue.
Alors, le rayonnement mondial est assuré ? J’attends donc avec impatience les “Standards de la Démocratie mondiale”, “L’Appel de Strasbourg” ou la “Déclaration de Strasbourg” comme l’avait proposé et demandé la Prix Nobel de la Paix Karman Tawakkul. Mais bon, ça c’était à l’époque où cette manifestation avait encore une vraie ambition justement mondiale et lorsqu’elle avait les moyens de devenir un phare pour les mouvements démocratiques naissants ou récents. Depuis 2012, le FMD est resté une affaire d’initiés et ce format avait (et a peut être encore) le potentiel de devenir un symbole d’espoir pour tous ceux qui aspirent à la démocratie dans des pays et régions où la démocratie reste encore un rêve lointain. Aujourd’hui, on se contente de relativement peu là où on pourrait réaliser beaucoup. Le manque d’intérêt pour l’inauguration de l’édition 2017 en dit long. Le programme OFF, lui, était excellent dans sa variété.
Le forum social mondial a aussi bien moins de couverture médiatique que par le passé!
https://fsm2016.org/en-route-vers-le-forum-social-mondial-2018/
Mais qu’est ce que c’est que ce journalisme ?
Je réponds simplement à une “fake news” (fausse nouvelle) qui parle de “bal des absents” alors qu’ils étaient tous présents. Basta! C’est tout…
Je réponds sur la forme et non sur le fond … Il ne faut pas tout mélanger et me prêter des propos que je n’ai pas tenus: “le rayonnement mondial assuré?” Il s’agit ici de l’Europe et c’est déjà pas mal (pour le Monde ça devrait prendre un peu plus de temps) Il y a du boulot!
“on attend, on se contente de”… et on fait quoi ? on laisse faire les autres et on critique ensuite ? Chacun y a sa part,on relève les manches et on met les mains dans le cambouis. Trop facile de laisser les autres se démerder et dire après que tout a foiré. Trop facile d’enfumer le lectorat avec je ne sais quelle déclaration de prix Nobel(Désolée, mais j’appelle ça de la démagogie). La situation est grave et le rôle d’un journaliste n’est pas de démolir les initiatives, mais d’en parler quoiqu’il en pense. Avec un tel relais, sûre qu’elles sont plombées d’avance. Le journaliste a le droit d’avoir ses propres opinions politiques et même des états d’âme, il a aussi un devoir : celui d’informer le plus justement possible.
J’espère que ce commentaire ne mettra pas autant de temps que la dernière fois pour paraître…Il fallait laisser le temps à la “rédaction” de fourbir ses arguments de réponse… un peu foireux quand même. Hors propos de départ.
Mon véritable propos est de défendre le journalisme, celui qu’il est urgent de réhabiliter, le journalisme de terrain, pas celui qui colporte des “news” issues d’on ne sait quelle source et qui répond aux attentes du lectorat (lequel d’ailleurs ?). Celui qui interroge, qui enquête, celui qui est présent… celui qui se tait quand il n’a rien à dire tant qu’il n’a pas vérifié personnellement les informations. Dur, dur, d’être journaliste !
Je vais laisser ce commentaire et cocher une case. A vrai dire je ne sais pas trop laquelle car je ne manie pas très bien la langue allemande. Désolée …
En effet, vous parlez de la “communication complaisante”, et c’est votre bon droit. Si vous insultez encore une fois la rédaction, vous serez bloquée. On aime bien discuter, répondre aux jérémiades des uns et des autres, non merci. Et si vous voulez discuter, vous le faites dans une forme respectueuse, autrement, vous ne discuterez plus ici.