Le Brandebourg a voté…
… et contrairement à la France, on y respectera le vote exprimé dans les urnes. De nos jours, cela mérite déjà d'être mentionné. Même si les résultats donnent à réfléchir.
(KL) – Drôle d’élection régionale dans le Brandebourg – le SPD a coiffé l’extrême-droite AfD sur le fil, mais comme un peu partout actuellement, il sera difficile de former un gouvernement. Si les résultats définitifs ne sont pas encore complètement connus, on peut déjà tirer un premier bilan.
C’est le ministre-président du Brandebourg Dietmar Woidke (SPD) qui a gagné cette élection presque tout seul. Généralement apprécié par les Brandebourgeois, il avait déclaré avant cette élection que si l’AfD se situait devant le SPD lors de ce scrutin, il allait se retirer de la politique. Donné perdant dans la plupart des sondages, le SPD arrive en tête avec 30,7% (+4,5%), suivi par l’AfD à 29,5% (+6,0%), le Bündnis Sahra Wagenknecht BSW avec 13,3% (+13,3%) qui devance même la CDU avec ses 12,1% (-3,5%). Les Verts échoueront probablement sur la barre des 5% (après le comptage de 75% des bureaux de votes, le score des Verts est estimé à 4,2% à 4,3%). Le FDP, comme en Saxe et en Thuringe, terminera aux alentours d’un pauvre pourcent des votes.
Si ces scores devraient se confirmer, la situation dans le Brandebourg deviendra aussi compliquée qu’en Saxe et en Thuringe. Aucune majorité crédible sans la participation d’un parti extrémiste ne se dégage, une coalition SPD-CDU n’aurait pas de majorité et si les Verts loupaient réellement le retour dans la diète de Potsdam, le prochain gouvernement dans le Land comportera forcément des extrémistes.
Car si l’extrême-droite n’a pas pu percer comme elle l’avait souhaité, force est de constater que presque la moitié des électeurs dans le Brandebourg ont voté pour un parti extrémiste, soit l’AfD, soit le BSW. L’idée d’une coalition SPD-CDU-BSW semble impossible, tellement les positions des trois partis sont incompatibles. Un gouvernement minoritaire semble également difficile à mettre en place, et du coup, le Brandebourg se trouve devant le même casse-tête que la Saxe, la Thuringe, la France, les Pays-Bas, l’Espagne – partout, l’extrême-droite a le vent en poupe, partout il devient extrêmement compliqué de construire des coalitions solides.
Les trois élections régionales du mois de Septembre constituent le dernier avertissement pour les partis au niveau fédéral. Mais pour le SPD, les Verts et le FDP, donc, les partis au pouvoir à Berlin, cet avertissement arrive déjà trop tard. Le FDP est devenu un groupuscule qui est encore soutenu par 1% des électeurs, les Verts ne seront pas représentés dans deux des trois parlements élus au mois de septembre et le SPD a seulement pu obtenir un bon résultat dans le Brandebourg, l’un de ses fiefs. Au niveau national, et cela devient de plus en plus clair, la coalition du pouvoir a fait son temps et ne sera pas reconduite lors de l’élection législative l’année prochaine. Même si cela se passe de manière plus calme, même plus démocratiquement qu’en France, le résultat est le même – on entre tous dans un chaos politique, une phase d’instabilité extrême et en vue de toutes les crises actuelles, cette instabilité est une très mauvaise chose.
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