Le Brexit et l’économie allemande

Des milliards de pertes avant même sa mise en œuvre

Au Carnaval de Cologne : le char de Düsseldorf Foto: Citanova Düsseldorf/Wikimédia Commons/CC-BY-SA 2.0Gen

(Marc Chaudeur) – Que le Brexit, et surtout un Brexit « dur », sans accord, aura (ou aurait) des coûts faramineux, ce n’est pas bien difficile à comprendre. Mais en Allemagne, pays moteur de l’Europe, qui au juste en pâtirait le plus ? Certains personnages-clés de la vie économique en Allemagne mettent les points sur les i et enfoncent le clou.

La Rheinische Post, journal implanté en Rhénanie du Nord-Westphalie, nous apprend que selon Holger Bingmann, le président de la très imposante Organisation fédérale du Commerce de gros, de l’Exportation et des Services (BGA), le commerce d’exportation allemand aurait déjà perdu 3, 5 milliards d’euros dans la première moitié de l’année 2019. Avant même la mise en œuvre du Brexit, avec ou sans accord. Un manque à gagner gigantesque.

D’ores et déjà, annonce Holger Bringmann, la Grande-Bretagne a glissé à la 13e place des partenaires commerciaux de l’Allemagne – derrière la Pologne… En 2016, il occupait la 5ème place. Le Président de la BGA met donc en garde expressément le gouvernement allemand et l’Union Européenne contre un « Brexit dur » : il estime qu’une telle sortie hors de l’UE de la Grande-Bretagne aurait des conséquences réellement catastrophiques. A commencer, bien évidemment,par une augmentation astronomique des droits de douane, et des coûts administratifs en matière de logistique, de transports, d’impôts et de protection des données informatiques.

Pour ce qui est de l’Allemagne, les Länder en souffriront inégalement, comme on peut bien s’en douter. On dispose aujourd’hui d’une carte détaillée. En somme, outre la Grande-Bretagne ou ce qu’il en restera bientôt après le départ éventuel de l’Ecosse, où la perte se chiffrerait selon les experts à 57 milliards d’euros par an (ce qui représente une perte de 900 euros par an par habitant), c’est l’Allemagne qui pâtirait le plus d’un possible (et même probable) Brexit dur : elle y perdrait 10 milliards d’euros, à savoir une perte annuelle de 115 euros. Mais la perte serait inégalement répartie selon les Länder allemands. C’est en Nord-Rhénanie Westphalie que la perte occasionnée serait la plus importante,et principalement les villes de Düsseldorf et Cologne : respectivement 650 et 558 millions d’euros, c’est-à-dire en moyenne 126 euros par habitant et par an. Ensuite viendraient la Haute-Bavière, qui seriat plumée de 526 millions d’euros (115 euros par habitant) et Stuttgart, qui verrait se volatiliser 473 millions d’euros (116 euros par an).

Bien évidemment, les dommages causés par ces pertes se distribueraient aussi inégalement que ces pertes elles-mêmes : en Haute-Bavière, Audi et BMW continueraient à bénéficier des échanges avec les Etats-Unis et… avec l’inévitable Chine.

Ce sont toujours les mêmes qui gagnent : les Etats-Unis et la Chine, surtout les premiers, seraient les grands bénéficiaires d’un Brexit dur. Pas difficile à comprendre : si les taxes et autres emmerderies douanières augmentent, les échanges avec les pays extérieurs à l’UE deviennent comparativement d’autant plus intéressants.

Les chiffres annuels des pertes liées à un éventuel et possible Brexit dur sont astronomiques. Ils parlent d’eux-mêmes. Les pertes seraient colossales.

A consulter :

Rheinische post :  https://rp-online.de

Spiegel : https://www.spiegel.de

 

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