Le Casino est resté ouvert…

Pendant que le monde entier est actuellement condamné à une paralysie qui aura des conséquences graves, les spéculateurs à la bourse continuent à s'amuser. Il faut que ça change.

La bourse, ce casino corrompu et cynique, est resté ouvert 24/24h - et profite de la crise. Foto: Christophe F. Siekermann / Wikimedia Commons / GNU FDL

(KL) – « Quand le sang coule dans la rue, c’est le moment où il faut acheter », disait un jeune « broker » à la Bourse de Francfort et cette phrase raconte déjà toute l’histoire. Trois informations marquaient l’actualité boursière hier : le marché du pétrole semble se calmer, les investisseurs se ruent sur l’action d’une entreprise à Mayence ayant obtenu l’autorisation de mener des tests cliniques pour un vaccin anti-Covid-19 et – les « marchés » agissent actuellement dans la plus grande nervosité. Les pauvres choux.

Rien n’a changé au niveau des marchés financiers qui continuent à se comporter comme avant la crise. Pire, cette nervosité vient du fait que les grands investisseurs se posent la question : comment profiter au mieux des centaines de milliards d’euros que les gouvernements et institutions comptent injecter dans l’économie pour faire redémarrer les activités ? Comme des vautours, les grands fonds d’investissement tournent autour de ces aides pour en attraper un grand morceau. Comprendre : pendant que nous nous dirigeons vers une crise sociale sans précédent, il y en a qui continuent à se remplir les poches en pariant, par exemple, sur des cours d’action en chute libre ou, comme dans le cas de cette entreprise à Mayence, qui montent en flèche parce qu’elle représentent un potentiel financier énorme.

Le côté sans-gêne des bourses internationales, totalement déconnectées de l’économie réelle, est agaçant. Personne n’a confiné la bourse, elle n’a pas dû s’arrêter, tout est fait pour que la spéculation privée (et aussi institutionnelle) puisse continuer de plus belle. Lorsque l’on considère que l’on peut même placer des paris sur l’occurrence d’une pandémie à la bourse, avec les tristement célèbres « pandemic bonds », on voit tout le cynisme d’un système financier qui n’hésite pas à profiter du malheur du monde entier.

Les transactions à la bourse se font aujourd’hui à 99% par des ordinateurs à haute performance, mais ce sont des humains qui en définissent les paramètres. Et actuellement, le paramètre principal est « comment profiter au mieux des somme faramineuses qui seront injectées dans l’économie ».

On comprend la nervosité qui règne actuellement chez les spéculateurs. Celui qui mise actuellement sur des valeurs qui pourront fortement augmenter dans un avenir proche gagnera des sommes tout aussi faramineuses. En revanche, ceux qui misent maintenant, par exemple, sur les actions de laboratoires qui ne seront pas en mesure de proposer des produits nécessaires pour combattre le coronavirus, pourront perdre des sommes extraordinaires. C’est la fièvre de la possibilité du grand gain qui anime actuellement les bourses dans le monde entier, et nous avons tort de les laisser faire.

A l’origine, les bourses servaient, par exemple, à financer des expéditions dans des pays inconnus. A l’époque, un bateau sur trois revenait de telles campagnes et apportait aux propriétaires des richesses immenses. Donc, on s’est mis à partager l’investissement dans ces expéditions et on partageait ensuite les gains, tout comme les pertes des bateaux qui ne rentraient jamais. Mais à cette époque, l’investissement était lié à une activité économique concrète, réelle. Plus tard, avec l’industrialisation, c’était pareil. On pouvait lever des fonds à la bourse pour acheter des machines, agrandir une usine, financer de nouveaux moyens de transport. Mais aujourd’hui, les « produits financiers » ne constituent plus que des objets de paris et de nombreuses entreprises n’ayant jamais réalisé le moindre bénéfice sont côtés à la bourse à hauteur de milliards d’euros.

Force est de constater que la bourse est devenue un grand casino qui ne dort jamais ; autour du globe, il reste ouvert 24/24h. Le système boursier n’apporte pas grand chose à l’économie réelle, et en vue de la crise économique qui s’approche, il convient de se demander si nous souhaitons maintenir un système aussi malsain et corrompu. Ou autrement demandé : est-ce que nous pouvons encore nous payer le luxe de laisser partir la plus-value réalisée par des entreprises par leur travail sur les comptes de ces spéculateurs ? Si ce système n’est pas remis en question aujourd’hui, il ne le sera jamais.

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