Le champignon de Schiltigheim, bientôt sur vos tables ?
William Krentzer nous présente un projet économique très intéressant – et bon appétit, bien sûr !
(Par William Krentzer) – Le titre prête à sourire, après tout, chacun a déjà assez à faire avec la préparation du champignon de Paris pour son repas. Mais quand on apprend que 75% de ces champignons viennent de Chine et qu’ils sont souvent exposés sur des étals à la température ambiante alors qu’il doivent se conserver à 2° dans un réfrigérateur, pas sûr que le sourire persiste.
Tout part d’une simple question : que faire des drêches issus de la fabrication de la bière(1) – C’est cette question que se posaient Sevan Holemans et Hadrien Velge, deux jeunes économistes bruxellois. Des brasseries, Bruxelles n’en manque pas, des tonnes de matières organiques inexploitées, issues de la fabrication de la bière non plus. C’est ainsi que naît en 2014 Le Champignon de Bruxelles, un projet original ayant l’ambition de valoriser les drêches(1) des brasseries bruxelloises. Inaugurée en décembre 2016, leur coopérative occupe aujourd’hui 700 des 8000 m2 des caves voûtées de Cureghem.
Le Champignon de Bruxelles, « ce n’est ni une coopérative de producteurs, ni une coopérative d’achats. C’est un projet ouvert à tous ceux qui veulent voir émerger, à Bruxelles, une alimentation saine et durable », disent les concepteurs du projet. C’est aussi un modèle de gouvernance où chaque coopérateur est un acteur engagé pour l’économie circulaire et l’agriculture urbaine (2). Tous les deux sont des disciples de Gunter Pauli, un industriel belge connu pour être l’un des papes de l’économie circulaire. Pour Sevan Holemans, « L’économie circulaire, c’est la fin d’un modèle de production linéaire, où l’on transforme des matières premières en produit, puis en déchet. L’idée ici, c’est d’arrêter de considérer les déchets comme des déchets justement, mais de les envisager comme des ressources. Grâce à la recherche, on peut leur trouver une nouvelle application afin qu’ils puissent, à leur tour, devenir des matières premières », ajoutant « il y a une pression énorme sur les terres agricoles, accompagné d’une spéculation délirante. La résilience, c’est la capacité de s’adapter à une menace extérieure. A nos yeux, l’agriculture urbaine est un enjeu fondamental. Il faut que les villes puissent participer à l’effort agricole. C’est la raison pour laquelle nos champignons sont cultivés dans des caves Bruxelloises exclusivement ».
Aujourd’hui, le concept existe toujours, il est dirigé par Hadrien Velge avec de nouveaux partenaires. Les bureaux du Champignon de Bruxelles sont situés dans une rue animée d’Anderlecht. Trois tonnes de champignons sortent tous les mois des caves. Un beau succès.
Alors, pourquoi pas le champignon de Schiltigheim ? – Si on n’est plus au temps où les bouteilles de bière Schutzenberger étaient servies à bord du paquebot France (et même sur les meilleures tables à Hollywood), il reste toujours à Schiltigheim la brasserie Heineken qui, en 2019, à investi six millions d’euros et compte bien continuer à produire en grande quantité la bière Ancre et les marques issues du rachat de la brasserie Fischer.
Par ailleurs, le sous-sol de Schiltigheim est truffé de galeries souterraines qui servaient autrefois à la conservation de la bière, avant l’invention du froid industriel. Des galeries dont on ignore le nombre ni où elles vont (3), et qui sont la cause d’effondrements de la chaussée ici et là. Des galeries dont on ne sait quoi faire, sachant que les combler aurait un coût hors des moyens de la municipalité.
Alors, avec ces deux atouts, pourquoi pas des galeries champignonnières à Schiltigheim, qui produiraient en circuit court un produit sain, riche en vitamines, protéines et oligoéléments, un légume qui de surcroît donnerait des emplois dans une ville qui en a bien besoin ?
Ce qui s’est fait à Bruxelles peut être réalisé à Schiltigheim, pour cela il suffit de le vouloir !
1. http://www.nowaste.be/la-dreche-de-brasserie-une-ressource-sous-exploitee/
2. https://youtu.be/OZ00eQOdgo
3. https://c.dna.fr/edition-de-strasbourg/2018/09/17/diaporama-dans-une-galerie-souterraine
Kommentar hinterlassen