Le chantage turc

La Turquie entend suspendre partiellement l’accord avec l’UE sur les réfugiés. Et si on le terminait pour de bon ?

Même sur l'accord (honteux) concernant les réfugiés syriens, la Turquie n'est plus un partenaire fiable. Foto: Mstyslav Chernov / Unframe / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Après Trump, maintenant Erdogan et son gouvernement surexcité. Face à la crise diplomatique entre la Turquie et plusieurs pays européens, le ton se durcit tous les jours et il serait temps d’agir. Les menaces et insultes d’Ankara ont dépassé la limite du tolérable.

C’est le ministre des affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu qui a annoncé qu’actuellement, la Turquie allait suspendre au moins partiellement l’accord concernant les réfugiés syriens. Le temps de trouver un terrain d’entente, la Turquie n’accueille plus de réfugiés en provenance de la Grèce et Cavusoglu a eu la décence de menacer l’UE de terminer cet accord tout court. Une excellente idée – car cet accord qui prévoit un « troc » entre réfugiés légaux et illégaux, constitue une honte pour l’Europe.

Si le régime totalitaire à Ankara a pris l’habitude de traiter tous les pays qui refusent de se prêter à la propagande d’Erdogan de « nazis » et de « fascistes », tout en séquestrant l’opposition et les médias libres dans des prisons turques, il serait temps de dire « stop ! » au président-dictateur qui doit se prendre pour le calife d’un nouvel empire ottoman. Mais il se trompe et l’Europe devrait maintenant s’affirmer davantage vis-à-vis de l’homme qui est en train de transformer la Turquie d’un état laïque et démocratique en une autocratie totalitaire aux parfums de l’islamisme.

Pour clarifier la situation, il serait temps non pas de geler, mais de terminer les négociations quant à une éventuelle adhésion de la Turquie à L’UE – cette Turquie-là n’a rien à faire dans une Europe qui se base, malgré tous ses dysfonctionnements, sur des valeurs communes que la Turquie 2017 viole systématiquement. En mettant officiellement un terme aux négociations d’adhésion, l’UE pourrait agir de manière plus déterminée vis-à-vis d’un président-dictateur qui évoque souvent son admiration pour Adolf Hitler et qui agit, souvent, comme son idole.

L’agression et le chantage turcs dépassent toutes les limites et aucun état européen n’a à subir les insultes d’Erdogan et de ses sbires. Lorsqu’un néofasciste comme Erdogan traite tout le monde de fasciste, il s’isole et si les Turcs soutiennent majoritairement cet isolement, qu’il en soit ainsi. Mais en l’état, aucune coopération avec ce régime n’est possible – tant qu’à faire, mettons donc un terme à ces accords honteux et aux négociations d’adhésion dont tout le monde sait qu’elle n’aura jamais lieu.

L’Europe n’a pas à subir ces agressions turques et si la Turquie d’Erdogan voit son salut au niveau de la Russie et la Chine, il serait peut être intéressant que les conseillers du calife du Bosphore lui rappellent que dans la balance commerciale, la Russie et la Chine ne jouent qu’un rôle secondaire – la Turquie dépend économiquement de l’Europe et il serait temps que l’Europe en prenne conscience.

Monsieur Erdogan veut tenter un cavalier seul ? Qu’il le fasse, mais dans l’Europe et en s’efforçant à appliquer une diction un peu plus respectueuse. La meilleure réponse aux insultes toxiques de ce monsieur, serait que l’Europe s’organise enfin pour un accueil digne des réfugiés – la Turquie d’Erdogan a prouvé qu’elle ne peut plus constituer un partenaire fiable.

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