Le chef du SPD Sigmar Gabriel se bat pour le CETA

Sigmar Gabriel engage un bras de fer entre son parti et lui concernant le traité sur les libres échanges avec le Canada, le CETA. Son parti est sceptique, Gabriel veut imposer le CETA coûte que coûte.

Sigmar Gabriel veut imposer le CETA à son parti - un pari osé. Foto: Michael Lucan / Wikimedia Commons / Lizenz CC-BY-SA 3.0de

(KL) – Quelle mauvaise habitude que d’attacher son propre destin politique à une question politique ! Après David Cameron qui a du s’en apercevoir avec le référendum sur le « Brexit », c’est maintenant au tour du chef du SPD Sigmar Gabriel de commettre la même erreur. Gabriel veut imposer le traité sur les libres échanges avec le Canada, le CETA, à son parti en lui faisant une sorte de chantage – si le SPD n’accepte pas le CETA en l’état, Gabriel menace de ne pas être le candidat du SPD lors des élections législatives en Allemagne en 2017. Encore une carrière politique qui touche à sa fin ?

Les choses commencent à se corser pour le chef du SPD Sigmar Gabriel. Car son parti n’est pas très chaud à signer le traité sur les libres échanges avec le Canada – tous les sondages montrent que la majorité des Allemands refuse ce traité. Trois points de ce traité suscitent le rejet par les Allemands. Il y a d’abord la question de l’arbitrage en cas de litige entre une entreprise canadienne et un état européen si une entreprise estime n’avoir pas eu les mêmes chances qu’une entreprise européenne pour un marché spécifique. Cet arbitrage se passerait en dehors du système juridique et il n’y aurait aucun recours contre le verdict d’une telle organisation d’arbitrage. D’ailleurs, si les entreprises peuvent porter plainte contre les états, les états, eux, ne pourront pas porter plainte contre les entreprises…

Ensuite, il y a la crainte concernant les standards du droit de travail – en Europe, peu de pays voudraient adapter leurs standards au « hire and fire » du continent américain. Le troisième point qui pose problème concerne la possibilité offerte aux entreprises canadiennes de se lancer dans des activités en Europe qui relèvent de la main publique, comme les soins médicaux, les maisons de retraite, mais aussi l’approvisionnement en eau, par exemple. De nombreux experts craignent que cela puisse appauvrir la qualité du service public et ce, au détriment des plus pauvres de la société.

Si Sigmar Gabriel veut absolument faire passer le CETA (et, dans la foulée, le TAFTA), son parti reste sceptique. Car une telle décision, prise contre la volonté de la population, risque de coûter très cher au SPD qui, selon les sondages, risque de faire un très mauvais score lors des prochaines élections en 2017. Et Sigmar Gabriel n’augmente pas les chances du SPD en voulant imposer ce traité sur les libres échanges qui est considéré comme anti-européen et anti-démocratique.

En effet, dans le meilleur des cas, le CETA pourrait générer une croissance supplémentaire de 0,3% en Europe et ce, seulement dans le meilleur des cas. En contrepartie, l’Europe doit céder au Canada le droit d’intervenir en amont du processus législatif européen, faire face à de nombreuses procédures lorsqu’une entreprise canadienne estime ne pas avoir le même accès aux marchés européens que les entreprises européennes et tout cela pour une croissance de 0,3% qui n’est d’ailleurs même pas garantie ?

Il se peut aussi que Sigmar Gabriel, en attachant son destin politique à la question du CETA, cherche une porte de sortie – sachant qu’il n’a aucune chance d’être élu en 2017, son attitude actuelle pourrait lui permettre de claquer la porte et de laisser la candidature du SPD à quelqu’un d’autre. Toujours est-il que la mobilisation contre le CETA bat de son plein, même au sein du SPD et le 19 septembre, un congrès du SPD doit déterminer la position du SPD vis-à-vis du CETA. Sigmar Gabriel risque d’être bien seul pendant ce congrès…

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