Le cinéma, c’est beau, c’est fort mais parfois, ça rend fou.

« Arrête ton cinéma », comédie réalisée sur fond d’une histoire vraie, vient de sortir en DVD… Nicolas Colle a rencontré Diane Kurys et Sylvie Testud.

"Arrête ton cinéma" - c'est la vie qui écrit les meilleurs scénarios... Foto: Bac Films Distribution

(Nicolas Colle) – Le cinéma, c’est beau, c’est fort mais parfois, ça rend fou… c’est ce que nous prouve « Arrête ton cinéma ! », un film qui nous plonge dans les mésaventures d’une comédienne souhaitant réaliser son premier film mais se heurtant rapidement à la folie de la production cinématographique. A l’occasion de la sortie DVD de cette comédie déjantée, nous avons rencontré la réalisatrice Diane Kurys ainsi que la comédienne Sylvie Testud.

Sylvie, ce film est inspiré d’une histoire que vous avez vécue. Rassurez moi, cette douloureuse expérience avec votre projet de film qui n’a malheureusement pas abouti, n’a rien d’aussi extrême que ce que l’on peut voir dans le film ?

Sylvie Testud : Disons qu’il s’agit de choses que j’ai vécues et qui m’ont inspiré mais que je trahis à mon gré…  Mais sans tomber dans les extrémités qu’il y a dans le film, c’est vrai qu’il peut y avoir de la folie dans le cinéma. Tout va très vite, il y énormément de pression mais l’avantage c’est que tout finit par se terminer. Lors d’un tournage vous êtes en CDD pour quelques semaines. Donc si vous ne vous entendez pas avec certains de vos collègues, vous n’avez pas à les supporter éternellement…

Néanmoins, il faut reconnaître que ces deux productrices qui vous mènent la vie dure sont quelque part assez touchantes, ce qui est sûrement dû aux interprétations de Zabou Breitman et Josiane Balasko ?

Diane Kurys : Le problème était justement d’être crédible tout en partant dans un certain délire. Donc il fallait qu’on prête à ces productrices une folie qui les amène à se comporter cruellement même si elles ne sont pas motivées par la cruauté. C’est juste deux dingues complètement passionnées par le cinéma et qui tombent dans les pires travers pour réaliser leurs rêves.

Votre personnage, Sylvie, est également très touchant tant elle semble désemparée mais incapable de renoncer ?

ST : En fait, elle entretient avec son film une relation qui se rapproche d’une histoire d’amour où on se lance à corps perdu sans se rendre compte des dangers et en ignorant les avertissements de notre entourage, on ne veut pas entendre les autres dans ces cas là et c’est quand tout se termine qu’on voit clairement qu’ils avaient raison.

DK : Dans cette histoire, c’est une victime mais il ne fallait pas la rendre absurde non plus. Le public doit comprendre que ce qui motive son aveuglement, c’est sa passion pour son projet de film. Et puis quand on fait un film, plus rien d’autre ne compte. On est tout le temps dans l’urgence, on n’a plus de recul sur rien et pourtant il n’y a pas de pression de vie ou de mort mais plutôt une pression artistique avec des enjeux économiques importants et toute une équipe très militarisée à diriger avec des chefs, des sous chefs et tout ça donne de la folie et de la comédie…

Tout de même, on sent à quel point cela a dû être violent pour vous ?

ST : C’est vrai que ça a été une douleur affreuse de voir tout se mettre en place et tout s’arrêter du jour au lendemain. C’est le deuil d’une passion, on voit ces personnages émerger, ils deviennent concrets et ils meurent tous. Mais la force de l’écriture m’a fait revenir à la vie. C’est en racontant mon histoire à mes proches qui riaient de mes malheurs que je me suis que j’allais pouvoir faire rire avec mon histoire.

Mais elle devrait pourtant se rendre compte que son film et surtout ses personnages et leur histoire lui échappent complètement… à la base c’est censé être trois infirmières qui s’occupent de leur père malade et on finit avec trois putes de cabaret ?

DK : L’argument que seuls les personnages comptent quelque soit leur métier ou le lieu dans lequel se déroule l’histoire tient la route mais c’est la motivation du changement qui est mauvaise car elle est liée à la contrainte commerciale. On lui demande de faire ces changements car des infirmières dans un hôpital ce n’est pas sexy alors que des putes c’est plus vendeur. Du coup le film ne ressemble plus à rien, et c’est justement comme ça que certains projets se perdent en route et n’ont pas de succès par la suite car l’intention de base du scénariste est totalement déviée. Il faut aussi savoir que ceux qui défendent trop leur sujet peuvent ne pas faire leur film. D’une manière générale, on fait un métier magnifique mais par moment un peu désespérant aussi, car tout peut arriver, y compris un arrêt définitif de la production en plein tournage.

« Arrête ton cinéma » est actuellement disponible en Vidéo à la demande ainsi qu’en DVD près de chez vous.

Lien youtube de la bande annonce.

Arrête ton cinéma affiche

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