Le conservatisme par temps de crise…

Les Verts allemands sont les grands perdants de la corona-crise – au lieu de talonner la CDU comme il y a à peine trois mois, ils doivent à nouveau se mesurer à Die Linke et l'AfD.

Qu'est-ce qu'il peut encore stopper la dégringolade des Verts en Allemagne ? Foto: Gustave Doré / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Quand ça va mal, les Allemands ne veulent pas être embêtés par des considérations politiques partisanes – ils préfèrent le status quo et remettent le débat politique à plus tard. C’est la CDU/CSU d’Angela Merkel et de Markus Söder qui a décollé dans les sondages, le SPD se refait peu à peu une santé, les « petits » partis (Die Linke, AfD, FDP) font du surplace et un parti est en train de payer l’ardoise pour tout le monde : les Verts.

Il y a à peine trois mois, en février, que les Verts pointaient encore à 24% des intentions de vote, seulement 2% derrière la CDU/CSU qui semblait essoufflée pendant le « mandat de trop » d’Angela Merkel. Mais depuis la corona-crise, Angela Merkel s’est réveillée, assume pleinement son rôle de gestionnaire de la crise, tout comme Markus Söder, chef de la CSU et ministre-président bavarois, et le résultat est là – avec 38% des intentions de vote, les chrétiens-démocrates retrouvent un niveau qu’ils n’avaient plus atteint depuis de longues années.

Derrière, le SPD a retrouvé sa deuxième place dans le paysage politique allemand avec 17% – on fait le calcul et on constate que la « Grande Coalition » à Berlin arrive à 55% et une majorité confortable. Si cette tendance devrait se confirmer jusqu’au prochaines élections en 2021, ce gouvernement pourrait résigner son bail pour la chancellerie à Berlin.

Les Verts ne croient pas leurs yeux – en trois mois, ils sont passés de 24% à 14%, une dégringolade en si peu de temps, et visiblement, les Allemands ne leur prêtent pas beaucoup de crédit aux capacités de gérer une crise comme celle que nous vivons actuellement. On se souvient que les grands sujets politiques avant la corona-crise étaient le changement climatique (les anciens se souviennent qu’il y avait des manifestations tous les vendredis, Fridays for Future…), la protection de l’environnement et la biodiversité. Ces sujets ne figurent pour l’instant plus sur l’agenda politique (une erreur, car la sortie de cette crise ne devrait pas être un simple retour vers l’état des choses d’avant) et par conséquent, les Verts voient leurs rêves du pouvoir fondre comme la neige au soleil.

Concernant les questions qui préoccupent actuellement les Allemands comme tous les autres peuple du monde, donc le Covid-19 et le déconfinement, la peur de la crise économique et sociale qui arrive inévitablement, les Verts manquent de positions et d’idées claires – et les positions qu’ils prennent ne sont pas exactement populaires, même si elles sont justifiées. La co-présidente des Verts, Annalena Baerbock, avait osé s’attaquer au dada le plus cher des Allemands (après le lavage de la voiture le samedi) : le football. Pendant que la fédération allemande cherche encore désespérément des options pour pouvoir continuer la saison 2019/20, Baerbock avait clairement demandé à ce que la saison soit terminée comme dans d’autres pays.

Les scores pour les « petits » partis dans le sondage RTL/forsa : AfD 10%, Die Linke 8% et le FDP 6%.

Politiquement, il n’y aura pas de révolution en Allemagne, une fois la crise terminée. Mais jusqu’à la prochaine élection législative en Allemagne en 2021, beaucoup de choses pourront encore changer. Mais le paysage politique allemand est assez calme et serein, surtout en comparaison avec d’autres pays où la population aiguise déjà les couteaux en attendant le déconfinement…

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