Le conte du « vote de protestation »
Pendant longtemps, on a maintenu le conte du « vote de protestation » pour l'extrême-droite. Un sondage en Allemagne prouve le contraire – les idées néo-nazis ont le vent en poupe.

(KL) – Le 1er septembre, deux des trois élections régionales auront lieu en Saxe et en Thuringe (le Brandebourg suit le 22 septembre) et dans les deux Länder, environ un tiers des électeurs veut voter pour l’extrême-droite AfD. Mais l’époque où des gens votaient pour l’extrême-droite par protestation contre les pauvres performances des partis traditionnels, est révolue. Un sondage de l’institut Pollytix montre qu’un grand nombre de cet électorat adhère à des idées nazies et cela est très inquiétant.
Ainsi, 36% des électeurs de l’AfD estiment que « les politiques méritent que la colère contre eux se transforme en violence », et 18% des sondés AfD pensent qu’il serait justifié de s’armer pour manifester, « pour pouvoir se défendre en cas de nécessité ». Sans oublier les 19% des sondés AfD qui trouvent que « la violence est moralement justifiée pour atteindre certains objectifs politiques ». Comprendre, une importante frange de la population se réjouit de la violence dans la rue et contre les responsables politiques. On se croirait dans les années 30 du siècle dernier.
Si ces chiffres sont déjà inquiétants, d’autres le sont encore plus. Ainsi, 56% des électeurs AfD voient l’harmonie et l’ordre sociétal « dérangés » par le féminisme (!), 59% de cet électorat estiment que « le vrai danger pour la paix dans le monde est l’impérialisme américain » et 41% des sondés AfD rêvent d’un « Führer fort qui ne doit pas se soucier du parlement et d’élections ». Un « Führer » ? Oui, presque la moitié des électeurs AfD aimeraient à nouveau avoir un « Führer ». Là, on ne peut plus parler de vote de protestation, mais il faut arriver à la triste conclusion que la bête n’est pas morte. Les idées nazies ont survécu les 80 dernières années et à quelques jours des trois élections régionales, qui auront aussi un impact sur la politique nationale, elle se frayent à nouveau un chemin à la surface.
L’envie d’en découdre dans la rue, se montre aussi dans d’autres chiffres. Pendant les six premiers mois de l’année 2024, les autorités ont enregistré 9802 délits et crimes sur fond d’extrémisme de droite, ce qui constitue une augmentation d’environ 30% par rapport à la même période l’année précédente. La violence gagne la rue et l’esprit des électeurs AfD et cela, en Allemagne, on l’a déjà connu lors de la République de Weimar et tout ce qu’il suivait après.
Le monde politique s’est montré choqué par ce sondage. La tête de liste des Verts en Saxe, l’actuelle ministre de la justice Katja Meier, a commenté : « Le carburant et le venin de cette violence sont les idéologies méprisantes et les vociférations de l’extrême-droite que l’AfD tolère en son sein ». Elle aurait pu s’exprimer de manière plus claire, mais à un moment où son parti risque de disparaître du parlement saxon, elle a préféré parler de manière modérée.
A quelques jours de ces trois élections régionales qui, à cause de l’organisation institutionnelle en Allemagne, auront des répercussions au niveau de la deuxième chambre législative, le Bundesrat où siègent les représentants des Länder, on ne peut pas être trop clair – ce n’est pas un « barrage républicain » qu’il faut à l’est de l’Allemagne, mais un « barrage antinazis ». Car ils se sont réveillés, ils adhèrent aux idées brunâtres et ils sont prêts à utiliser de la violence pour arriver à leurs fins. Est-ce que l’Allemagne serait en train de revivre son histoire ?
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