Le coronavirus altère l’estime de soi des Espagnol(e)s

La 9e édition du « Baromètre de l’Image de l’Espagne » est inquiétante, mais...

Le moral des Espagnole(e)s est en berne, comme le drapeau du pays lors du au crash du vol 9525 de Germanwings. Foto: Xemenendura / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – Le « Real Institudo Elcano », think-tank madrilène de centre-gauche fondé en 2001, publiait fin avril la 9e édition de son « Baromètre de l’Image de l’Espagne ». Il a été réalisé du 27 Janvier au 7 Février 2021 lors d’entretiens avec 400 personnes vivant évidemment en Espagne, et autant de personnes résidant en Allemagne, au Royaume-Uni, en France, en Italie, au Portugal, aux Pays-Bas, aux USA, en Chine, en Inde, en Corée du Sud. Ce qui fait au total 4.400 réponses.

Il en ressort, entre autres éléments intéressants, que le pays a une meilleure image à l’étranger qu’au sein de sa population. L’évaluation générale du pays par les étrangers interviewés est à 6,3/10, plaçant l’Espagne en seconde position juste derrière l’Allemagne, devant l’Italie, la France et le Royaume Uni. La gestion de la pandémie de Covid-19 par l’actuel gouvernement espagnol n’a pas, selon cette étude, détérioré l’image du pays à l’international. A ce propos, les Espagnol(e)s interrogé(e)s attribuent une note de 4,8/10 à leur gouvernement.

Cette différence est expliquée, selon Carmen González, la directrice de l’institut, par plusieurs éléments dont la diminution de l’estime de soi, observée d’une manière générale au sein de la population. Cette pandémie ne touche pas que les corps, elle atteint aussi, que l’on ait été touché ou non physiquement par le virus, l’être humain au plus profond de son psychisme. Comment peut-on alors avoir une vision plutôt claire du monde, lorsque le regard que l’on porte sur soi et les siens, est négatif ?

52% des Espagnol(e)s interrogé(e)s considèrent leur pays comme faible, 41% comme fonctionnant au ralenti, alors que seulement 25% des citoyen(ne)s des autres pays européens visés par l’étude, partagent cet avis sur l’Espagne. Pire encore, 62% des Espagnol(e)s jugent leur pays corrompu contre 27% des Européen(n)s ayant répondu au questionnaire. Il serait alors tentant d’affirmer très simplement, que les Espagnol(e)s connaissent leur pays mieux que quiconque, et notamment leurs voisins européens.

Pourtant vu des autres pays d’Europe, l’Espagne est considérée, comme un pays tolérant (84%), inspirant confiance (83%), démocratique et solidaire (79%), fort et travailleur (75%), pacifique (74%), honnête (73%). La corruption est une caractéristique du pays, pour 27% des Européen(ne)s, contre 64% des Espagnol(e)s. Ce qui force le trait de la mésestimation de l’Espagne par ses citoyen(ne)s interviewé(e)s lors de cette étude.

Pourtant, à y regarder de près, ce pays de la Péninsule Ibérique estimé par son voisin portugais (cf. la même étude), n’est pas un coupe-gorge peuplé de jean-foutres et gouverné par une coterie secrète. La Vanguardia, lorsqu’elle mettait en avant ce rapport, titrait avec raison que la pandémie de Covid-19 pèse sur l’estime de soi de la population espagnole. Mais d’une manière générale, les populations de nombreux pays de la planète, sont psychiquement impactées par cette pandémie et ses conséquences.

A titre d’exemple, l’Institut Régional du Travail Social (IRTS) des Hauts de France, organisait dès juin 2020 une très intéressante formation 100% distancielle, sur le thème « Retrouver la confiance en soi après une période de confinement ». Plusieurs publications dans divers médias, soulignent l’altération du rapport au corps, provoquée par la crise sanitaire. Mais l’unité corps et esprit propre à l’être humain, ne fait-elle pas d’une approche globale, une évidente nécessité ?

Cependant autant les « Baromètres de l’Image de l’Espagne », publiés par le Real Institudo Elcano, sont-ils intéressants, autant restent-ils à étudier en prenant un peu de recul. Depuis les années 1970, les sciences sociales soulignent que les comparaisons dites descendantes (c’est-à-dire avec des personnes réussissant moins bien que soi) améliorent l’estime de soi, alors que les comparaisons dites ascendantes (c’est-à-dire avec des personnes réussissant mieux que soi), la diminuent.

Ceci pourrait peut-être expliquer, dans cette période où quasiment aucun pays n’est épargné par la pandémie, la mésestimation des Espagnol(e)s pour leur pays, selon la direction vers laquelle ils orientent leurs regards…

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